RDC : RSF se joint à JED pour demander une enquête sérieuse et approfondie après l’agression d’un journaliste

Reporters sans frontières (RSF) et son organisation partenaire en République démocratique du Congo (RDC) Journaliste en danger (JED) demandent que le passage à tabac d’un reporter en marge d’un rassemblement politique ne reste pas impuni.

Dominique Dinanga, journaliste pour Top Congo FM n’était pas disponible pour couvrir un rassemblement politique organisé samedi 5 octobre à Kinshasa, capitale de la RDC, par l’ancien Premier ministre Bruno Tshibala. Joint avec insistance par un conseiller de ce dernier, il s’est finalement présenté en milieu d’après midi sur le lieu de la manifestation pour couvrir l’événement. A son arrivée, le responsable de la sécurité lui a refusé l’accès à la salle malgré la présentation de sa carte de presse. En apprenant que le journaliste travaillait pour Top Congo FM, quelques-uns des dizaines de militants présents sur place ont alors menacé de le tuer, l’ont mis par terre et frappé à plusieurs reprises. “J’ai reconnu et identifié celui qui m’a porté le premier coup mais les organisateurs l’ont laissé partir”, a rapporté le journaliste joint par RSF. 


Le présentateur des matinales de Top Congo FM, radio très populaire de Kinshasa, a été admis dans un service d’urgences de la capitale congolaise où il a reçu, le lendemain, la visite de l’ancien Premier ministre qui a condamné cette agression.


Pour JED, cette condamnation verbale est “loin d’être suffisante”. Tshivis Tshivuadi, son secrétaire général appelle à l’ouverture d’une enquête et estime que les organisateurs de cette manifestation doivent être tenus pour “responsables des dommages subis par le journaliste”. 

Il est indispensable que les autorités ouvrent une enquête sérieuse et approfondie pour identifier et sanctionner les auteurs de cette agression, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. La sincérité des nouvelles autorités dans leur volonté de faire des médias un véritable quatrième pouvoir sera jugée à l'aune des mesures prises notamment lorsque des journalistes sont agressés gratuitement dans l’exercice de leurs fonctions. Dans le cas présent, les auteurs ayant déjà pu être identifiés par les organisateurs eux-mêmes, il est tout à fait possible que l’enquête puisse aboutir rapidement et que cette agression ne reste pas impunie.” 


En juillet dernier, le fondateur du site d’information Libregrandlac et collaborateur d’Africanews Gaël Mpoyo avait été roué de coups par des inconnus alors qu’il enquêtait sur la situation des femmes qui travaillent dans le secteur minier dans l’est du pays. Aucun des responsables de cette attaque n’a été arrêté. 


En 2018, la RDC est le pays d’Afrique subsaharienne dans lequel RSF a enregistré le plus grand nombre d’exactions contre les journalistes. Pour les seules agressions non suivies d’une arrestation, notre organisation a répertorié 25 cas


La RDC occupe la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019.

Publié le
Updated on 08.10.2019