Procès OdaTV : le journaliste et écrivain Yalçin Küçük maintenu en détention

A l’issue de la 16e audience qui s’est tenu le 21 mars 2013 dans le Palais de justice d’Istanbul (rive européenne), la 16e Chambre de la Cour d’Assises d’Istanbul n’a pas mis fin à la détention provisoire de Yalçin Küçük, incarcéré depuis le 6 mars 2011, ni à celle d’Hanefi Avci. Yalçin Küçük risque également la prison à vie dans le cadre de l’affaire Ergenekon. “Il est regrettable que la justice turque s'obstine à maintenir certains accusés en détention. L'audience n'a abouti à aucune avancée significative. En définitive, Yalçin Küçük paye le prix de cette stagnation judiciaire. Nous demandons à nouveau l’abandon des poursuites et de l’ensembles des charges contre tous les journalistes et collaborateurs de médias accusés”, a déclaré Reporters sans frontières. A l’ouverture de l’audience, le juge Mehmet Ekinci a déclaré que la Direction de la sécurité d’Istanbul avait répondu à la Cour. La police d’Istanbul a fait savoir à la Cour que les images des perquisitions effectuée, en février 2011, au siège d’Oda TV à Beyoglu (Istanbul), avaient été enregistrées “sans son”, pour des raisons de sécurité, les policiers présents lors de la perquisition pouvant être identifiés par leurs noms. Il est reproché aux treize accusés du dossier d’avoir prêté main forte à l’organisation Ergenekon en tentant de discréditer l’affaire par l’intermédiaire d’articles publiés sur le site odatv.com et de livres publiés ou en préparation. Ergenekon est un groupuscule militaro-nationaliste d’origine kémaliste, accusé de complot contre le gouvernement. Durant l’audience, Yalçin Küçük a vivement critiqué l’acte d’accusation “sans fondement” qui indique que le directeur de publication d’OdaTV, Baris Pehlivan, s’est rendu à plusieurs reprises chez lui pour y recevoir des instructions. Yalçin Küçük a rétorqué qu’il n’avait vu Baris Pehlivan qu’une seule fois dans sa vie avant d’être incarcéré, et ce dans le cadre d’une interview pour la chaîne CNN Türk, intitulé “J’étais là” (Oradaydim). Selon le journaliste, les affaires politiques sont de nature à effrayer les magistrats et même si les accusés sont relaxés, les pièces à convictions utilisées contre eux les suivront tout au long de leur vie. “Dans les affaires politiques, personne ne peut connaître son crime, ni le poète Nazim Hikmet, ni Tuncay Özkan, et ce même après des années de détention”. Récemment, la Cour a décidé de libérer remettre le journaliste Soner Yalçin en liberté conditionnelle. Propriétaire du site d’information odatv.com, il avait été incarcéré depuis le 14 février 2011 dans la prison de Silivri (nord-ouest d’Istanbul). Sa libération le 27 décembre 2012 a mis fin à 22 mois de détention préventive. Il demeure cependant sous contrôle judiciaire, comme ses co-accusés, présents à l’audience, en signe de solidarité. Nedim Sener, Ahmet Sik, Muhammet Sait Cakir, Coskun Musluk, Müyesser Ugur, Dogan Yurdakul, Baris Pehlivan et Baris Terkoglu, ont eux aussi passés plusieurs mois en détention avant d’être libérés. Plusieurs journalistes et représentants d’organisations de défense des journalistes ont assisté à l’audience, au terme de laquelle les deux accusés ont été renvoyés à la prison de Silivri (nord d’Istanbul). La prochaine audience devrait se tenir le 13 juin 2013. (Photo : Erol Onderoglu)
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Updated on 20.01.2016