Turquie : RSF dénonce les violences et les interpellations de journalistes qui couvrent les manifestations post-électorales

Plusieurs journalistes qui couvraient les manifestations post-électorales ont été agressés et interpellés en Turquie.

Au moins huit journalistes ont été agressés, trois autres interpellés et une autre menacée pour avoir couvert ou évoqué les manifestations post-électorales dans l’est de la Turquie et à Istanbul. Reporters sans frontières (RSF) dénonce de graves attaques contre la liberté de la presse qui doivent cesser.

Alors qu’ils couvraient des manifestations qui ont éclatées les 2 et 3 avril dans les provinces de l’est et sud-est du pays, à la suite de l’annulation de l’élection du maire pro-kurde de la province de Van, au moins six journalistes ont été blessés par les forces de l’ordre, et trois autres ont été interpellés. 

La répression des journalistes couvrant ces manifestations ne s’est pas arrêtée là. Le directeur de l’information du site Colemeng Haber, Serkan Kaya a été victime d’une attaque armée commise selon nos informations, par des proches du président local de l’AKP (Parti au pouvoir) Zeydin Kaya dans la nuit du 2 avril. Craignant pour sa sécurité, il vit désormais caché. Quelques jours auparavant il avait critiqué la répression des manifestations à Hakkari dans un article en ligne. La présentatrice de télévision Ece Üner fait, quant à elle, l’objet de menaces sur les réseaux sociaux pour avoir évoqué sur X la “difficulté de rester insensible face à ces injustices”.

“Les violences à l'encontre de professionnels des médias qui couvrent les manifestations post-électorales sont inacceptables. Il est totalement absurde de sanctionner les journalistes au même titre que les protestataires au motif invoqué par les forces de l’ordre que les manifestations qu’ils couvrent sont interdites. Nous exhortons le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya à mettre un terme à ces pratiques d’entrave et à garantir la sécurité des journalistes et leur droit à exercer leur mission d’information dans le pays, y compris lors de manifestations, et tout particulièrement dans un contexte post-électoral.”

Erol Onderoglu 

Représentant spécial de RSF en Turquie

Si les journalistes Kadir Cesur, du site d’information Gazete Duvar), Rabia Önver du média Jin News Muhammed Sakir de la chaîne kurde Rudaw TV et Umut Tastan de chaîne nationale KRT, ont été blessés par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène, Rusen Takva, l’un des journalistes indépendants les plus suivis du pays, a lui été visé par des canons à eau de la police.  A Siirt, deux reporters de l’Agence locale d’information Ne ont été hospitalisés pour des problèmes respiratoires dû à un usage massif de gaz lacrymogène contre un groupe de journalistes. 

En reportage pour couvrir des rassemblements, la journaliste freelance Medine Mamedoglu a été interpellée pendant plusieurs heures le 3 avril à Van, à l’instar des reporters du quotidien pro-kurde Yeni Yasam et de l’Agence Mésopotamie (MA) Sema Korkmaz et Ferhat Sezgin. La caméra de ce dernier a été endommagée. S’il n’a pas été interpellé, le journaliste Oktay Candemir a quant à lui vu son portable saisi par la police et l’ensemble de ses images effacées. 

 

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