Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’interpellation et le maintien en détention de la directrice de Rappler, à la suite d’une plainte déposée contre le site d’information la semaine dernière. L’organisation saisit le secrétaire général de l’ONU et dénonce l’acharnement continu contre Rappler et sa directrice.

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Actualisation

RSF accueille avec soulagement la libération sous caution de Maria Ressa, ce matin jeudi 14 février. L’organisation déplore le fait que la journaliste ait dû passé une nuit en prison pour une accusation absolument fallacieuse et exige par conséquent l’abandon immédiat des charges qui pèsent contre elle, contre Rappler et contre l’ancien chroniqueur judiciaire du site, Reynaldo Santos Jr.

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Maria Ressa, la directrice du site indépendant d’information Rappler va dormir ce soir en prison. La journaliste, désignée comme l'une des "personnalités de l'année" du magazine Time en 2018, a été interpellée en fin de journée, mercredi 13 février, dans les locaux de son site internet à Manille par des officiers du Bureau National d’Investigation philippin (NBI) à la suite de l'émission d’un mandat d'arrêt pour diffamation en ligne. Il semblerait qu’elle ai été arrêtée en fin de journée dans le but de la maintenir en détention pour la nuit. D’après ses collègues, la lenteur des procédures a permis au juge de lui refuser de régler sa caution.   


Son interpellation fait suite à la plainte déposée, mercredi 6 février, par le parquet philippin contre le média et sa directrice pour diffamation en raison d’un article publié en 2012 faisant lumière sur les liens supposés entre le président de la Cour suprême de l’époque et un homme d’affaires philippin. A cette date, la loi sur la cybercriminalité sur laquelle ces accusations sont fondées n’était pourtant pas encore entrée en vigueur. Maria Ressa encourt jusqu’à douze ans de prison.


“La place de Maria Ressa n’est pas en prison, l’acharnement judiciaire dont elle fait l’objet prend une tournure inacceptable, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Exhumer une affaire qui avait été classée sans suite en février 2018 est absolument absurde et confirme qu’il ne s’agit pas de justice mais bien d’une tentative de museler un média et sa directrice internationalement reconnus pour leur professionnalisme et leur indépendance. Nous saisissons le secrétaire général des Nations unies et lui demandons d’intervenir au plus vite pour mettre un terme à cet harcèlement et appelons la cour qui jugera cette affaire à abandonner toutes les charges qui visent Maria Ressa et Rappler.”


Maria Ressa subit un harcèlement systématique depuis plus d’un an de la part de la justice philippine : cette plainte constitue la sixième procédure engagée contre elle. En novembre dernier, le gouvernement avait déposé quatre plaintes contre Rappler et Maria Ressa pour “évasion fiscale” et “déclaration de revenus erronés”devant la cour d’appel des affaires fiscales, suivie d’une cinquième en décembre, et ce pour des motifs parfaitement fallacieux.


La journaliste est l’une des 25 membres de la Commission sur l’information et la démocratie, mise en place à l’initiative de RSF pour rédiger une charte en faveur de laquelle plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés le 11 novembre dernier. Nommée “personnalité de l’année” par le magazine Times en 2018 et lauréate du prix de la liberté de la presse du Committee to Protect Journalists (CPJ) la même année, Maria Ressa est devenu un symbole de lutte contre l’intimidation émanant de l’équipe de Rodrigo Duterte contre la presse aux Philippines.


Les Philippines se classent à la 133e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018.

Publié le
Mise à jour le 11.06.2020