Offensive du pouvoir contre les médias étrangers

Le président du Kirghizistan Askar Akaiev a accusé, le 26 juillet 2002, Radio Free Europe - Radio Liberty ainsi que des "agences de presse étrangères" de pratiquer un "terrorisme de l'information" à l'encontre des intérêts du pays. Depuis cette date, les émissions de Radio Liberty seraient fréquemment brouillées dans certaines régions du pays. Les autorités ont démenti tout brouillage des émissions. Reporters sans frontières rappelle que le régime du président Askar Akaiev n'a cessé de durcir sa position vis-à-vis des médias ces dernières années, alors que la situation était jusqu'à présent jugée moins grave au Kirghizistan que dans les autres républiques ex-soviétiques d'Asie centrale. Les journalistes et les rédactions indépendantes subissent désormais des pressions systématiques, et la quasi-totalité des médias s'astreignent à une forte autocensure. Les manifestations de mars 2002, au cours desquelles six manifestants ont été tués par la police, n'ont donné lieu qu'à une couverture partiale de la part de la majorité des médias. Le président Akaiev reproche précisément aux émissions de Radio Free Europe - Radio Liberty d'avoir à cette occasion donné la parole aux représentants de l'opposition. La poste kirghize bloque régulièrement la distribution des journaux d'opposition. Les poursuites judiciaires pour diffamation sont toujours plus fréquentes et les amendes visent à la fermeture pure et simple des journaux condamnés. Le harcèlement fiscal, financier et judiciaire, est ainsi venu à bout en 2001 de l'hebdomadaire d'opposition Asaba, en butte aux pressions depuis plusieurs années. L'hebdomadaire Res Publica et la chaîne de télévision indépendante Osh-TV ont été également soumis à des pressions continues. Un nombre important de procédures engagées contre des journalistes émanent du pouvoir et des membres du Parlement. Ces derniers ont d'ailleurs rejeté en majorité, en 2001, un projet de loi visant à supprimer les peines de prison pour les journalistes en matière de diffamation (suppression des articles 127 et 128 du code pénal) et imposant au plaignant le paiement d'une taxe équivalente à 5 % du montant des dommages et intérêts réclamés.
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Updated on 20.01.2016