Le vrai visage du pouvoir chinois : un des pires prédateurs de l’information

La visite du président Macron en Chine est l’occasion pour Pékin de donner l’image d’une puissance moderne et tournée vers l’avenir. RSF rappelle que la Chine est d’abord l’un des pires pays au monde en matière de liberté de l’information.

Le président chinois Xi Jinping, qui reçoit actuellement en grande pompe le président de la République française Emmanuel Macron, espère que ce dernier gardera de son pays l’image d’une puissance moderne et tournée vers l’avenir. Et que la délicate question des violations systématiques des droits humains sur lesquelles repose le pouvoir chinois soit reléguée au second plan. Reporters sans frontières (RSF) rappelle cependant que la Chine figure parmi les derniers pays dans son classement de la liberté de la presse, au 176e rang sur 180.


Au moins 15 journalistes professionnels et 39 journalistes citoyens sont actuellement détenus en Chine selon le dernier recensement effectué par RSF. Si le régime de Pékin n’applique plus la peine de mort à l’encontre des défenseurs de la liberté de la presse, il pratique cependant une politique délibérée de mauvais traitements et de privations de soins. L'an dernier, le prix Nobel de la Paix 2010 Liu Xiaobo et le blogueur Yang Tongyan sont ainsi morts des suites de cancers non soignés durant leur détention. L’artiste chinoise Liu Xia, veuve de Liu Xiaobo, ou le journaliste Huang Qi, lauréat du prix RSF 2004 et fondateur du site 64 Tianwang, prix RSF 2016, sont maintenus à l'isolement dans des conditions qui font craindre pour leur vie.


“S’il est légitime que la France développe ses relations avec la Chine, elle ne peut cependant ignorer les violations massives de la liberté de l’information, estime Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. Nous comptons sur le président Macron pour qu’il rappelle fermement l’attachement de son pays aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et qu’il plaide pour la libération de cas emblématiques tels que Liu Xia et Huang Qi.“


Nouvel ordre mondial de l’information


Sous le président Xi, la surveillance de l’internet a pris une tournure industrielle, et la “grande muraille numérique” tient les 750 millions d’internautes à l’écart des sites d’information étrangers. La censure et l’espionnage emploieraient au moins deux millions de personnes, soit un censeur pour 375 personnes. L’an dernier, plusieurs citoyens ont écopé de peines de prison ferme pour de simples commentaires sur internet ou dans des discussions privées sur des logiciels de messagerie.


Dans une tribune publiée en sept langues, le secrétaire général de RSF Christophe Deloire appelait récemment les démocraties parlementaires à se mobiliser face au risque de contagion du modèle répressif chinois. Il ne s’agit plus uniquement d’un problème de “politique intérieure” chinoise, comme Pékin aimerait à le faire croire : la Chine est en effet de plus en plus active pour promouvoir à l’international son ”nouvel ordre de l’information”, basé sur la censure et la surveillance, et duquel l'éthique journalistique et le droit des citoyens à l’information sont exclus.

Publié le
Mise à jour le 09.01.2018