Le reporter indien Ahan Penkar passé à tabac par la police de New Delhi

Arrêté alors qu’il couvrait une manifestation liée au meurtre d’une adolescente, le journaliste a été tabassé par les policiers, qui ont aussi effacé les images qu’il avait tournées. Reporters sans frontières (RSF) exige des sanctions appropriées pour que ce type de comportement cesse.

Montrer sa carte de presse ne lui aura servi à rien. Le journaliste du magazine The Caravan Ahan Penkar a beau avoir décliné à plusieurs reprises son identité de journaliste, il a été arrêté, vendredi 16 octobre, par la police de New Delhi.


Il est arrivé en début d’après-midi aux abords du poste de police de Model Town, dans le nord de la capitale indienne. Le reporter entendait couvrir un mouvement de protestation d’une poignée de manifestants contre le refus, par les policiers, d'enregistrer la plainte d’une famille dont la fille de 17 ans, issue de la caste des dalits - anciennement appelés “intouchables” -, a été violée et assassinée par son employeur, de caste supérieure.


Alors qu’Ahan Penkar interviewait des membres de la famille, les policiers ont commencé à arrêter les manifestants. Le commissaire de police, un certain Ajay Kumar, a ordonné à ses hommes de l’interpeler aussi. Une fois au poste, le reporter a été battu par le commissaire et cinq de ses hommes. Il n’a cessé de répéter qu’il était présent pour couvrir l’événement en tant que journaliste.


“Effondré”


L’officier l’a frappé au visage et aux jambes, à coups de pied. “Je me suis effondré par terre, et c’est là qu’il m’a tabassé le dos et les épaules”, explique Ahan Penkar dans un article de The Caravan. Après avoir confisqué sa carte d’identité et sa carte de presse, les policiers ont soigneusement effacé tous les rushs enregistrés par le reporter. Il a finalement été libéré vers 19 heures, avant d’être transféré vers un hôpital.


“Le comportement de la police de New Delhi, qui a sciemment ignoré le statut de journaliste décliné par Ahan Penkar, est absolument intolérable, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Les policiers impliqués dans son passage à tabac doivent être sanctionnés.”


“Le traitement dont le journaliste a été la cible est, du reste, d’autant moins acceptable que ce n’est pas la première fois que les policiers de la capitale indienne s’en prennent violemment à des journalistes. Cette attitude, indigne de l’Etat de droit et de la démocratie indienne, doit cesser sur-le-champ."


Lynchage


En août dernier, la police de New Delhi a fait preuve d’une passivité coupable lorsque trois autres journalistes de The Caravan, Shahid Tantray, Prabhjit Singh et l’une de leurs consœurs, qui souhaite rester anonyme, ont été la cible d’un lynchage en règle par des militants proches du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde. cette fois aussi, les policiers ont effacé les images photos et vidéos prises par les reporters.


Lors du déclenchement de violences intercommunautaires en février dernier, RSF avait interpellé la police de la capitale pour qu’elle laisse les journalistes couvrir les événements. Les forces de l’ordre ont au contraire laissé les militants pro-BJP s’en prendre aux reporters : selon le décompte de RSF, au moins 18 d’entre eux ont été violentés sans que la police intervienne. 


L’Inde se situe à la 142e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.

Publié le
Mise à jour le 20.10.2020