Le journaliste américain Jake Hess expulsé et interdit d’entrée sur le territoire turc

Le 20 août dernier, le journaliste américain Jake Hess a été expulsé de Turquie, après neuf jours de détention. Le journaliste avait été interpellé le 11 août dernier dans la province de Diyarbakir, au sud-est du pays, peuplé majoritairement de Kurdes. Dans sa réaction suite à l’interpellation de Jake Hess par la section anti-terroriste de la police de Diyarbakir, Reporters sans frontières avait réclamé la libération immédiate du journaliste et déclaré que son expulsion n’était en aucun cas une solution adéquate. L’organisation est indignée par la décision du ministère de l’Intérieur d’expulser le journaliste et de lui assigner une interdiction d’entrée sur le territoire turc. « On prétend que les articles de mon client ont placé l’Etat turc dans une situation délicate. Les autorités ont justifié l’expulsion de Jake Hess et son interdiction d’entrée sur le territoire par le fait que son nom apparaissait dans le registre des personnes accusées d’entretenir des liens avec l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) », a déclaré Serkan Akbas, l’avocat du journaliste. Jake Hess à confirmé à Reporters sans frontières son intention de porter plainte contre le ministère de l’Intérieur afin de faire lever l’interdiction d’entrée sur le territoire, et d’avoir recours à la Cour européenne des droits de l’Homme si cela s’avère nécessaire. ------------------------------------------------------------------------------------ 13 août 2010 Un journaliste américain interpellé dans le sud-est du pays, en raison de sa couverture de la question kurde Un journaliste américain, Jake Hess, travaillant notamment pour l’agence de presse Inter Presse Service (IPS) a été interpellé, le 11 août 2010, à Diyarbakir (Sud-Est). Il se trouve actuellement en garde à vue à la section antiterroriste de la ville, et est accusé d’entretenir des liens avec l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), nouvelle organisation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Il pourrait être placé en détention provisoire ou expulsé aujourd’hui du pays. L’interpellation d’un journaliste et son placement en détention devraient rester une mesure exceptionnelle, résultant d’une enquête approfondie prouvant que le professionnel des médias a agi en acteur politique et non plus en journaliste. C’est pourquoi, nous demandons la libération immédiate de Jake Hess. Ni son placement en détention provisoire ni son expulsion du pays ne sont des solutions adéquates. Les journalistes qui enquêtent sur des sujets sensibles, comme la question kurde en Turquie, sont nécessairement amenés à être en contact avec toutes les parties prenantes. Cela ne saurait être considéré un crime. Les autorités turques doivent faire preuve de la plus grande transparence dans ce dossier, pour éviter un dangereux amalgame. Les médias kurdes et les journalistes qui abordent la question des conséquences de la politique turque en la matière sont trop souvent la cible de pressions indûes, que les autorités justifient maladroitement par la lutte contre le terrorisme. Selon les déclarations de l’avocat du journaliste, Serkan Akbas, à Reporters sans frontières, Jake Hess a été interpellé vers 17h 45, le 11 août, dans le cadre d’une enquête menée contre l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK). Serkan Akbas précise que le nom du journaliste apparaît aussi dans l’acte d’accusation rédigé par le parquet de Diyarbakir où on lui reproche de fréquenter le bureau de la branche locale de l’Association des Droits de l’homme (IHD) et de servir d’interprète aux délégations en visite à Diyarbakir ou au bureau de l’IHD. L’avocat, considère qu’il n’est pas plausible que Jake Hess ait été interpellé en raison du procès du KCK, puisqu’il n’a jamais été inquiété, ni convoqué, lorsqu’une procédure judiciaire a été lancée contre l’organisation. Pour lui, il ne fait aucun doute que le journaliste a été interpellé pour les articles qu’il aurait écrits pour l’agence de presse IPS. Akbas affirme que celui-ci était l’auteur d’articles traitant des incendies volontaires ravageant les forêts de la région, la dépopulation des villages kurdes, les bombardements de l’aviation turque des habitations du nord de l’Irak etc. Le procès des accusés du KCK aura lieu le 18 octobre prochain devant la Cour d’assises de Diyarbakir. Le directeur de la rédaction de la radio Gün TV basée à Diyarbakir, Ahmet Birsin, y comparaîtra, aux côtés de 150 autres accusés. Si le parquet décide d’incarcérer Hess, le journaliste devrait rester au moins un mois et demi en prison, en attente de ce procès. L’Agence de presse pro-kurde Diha (Tigre) a fait savoir que Hess a collaboré avec l’IHD à Diyarbakir. IHD déclare cependant qu’il est passé au bureau de temps à autre parce qu’il est journaliste. L’agence de presse DHA (Dogan) a annoncé que le nom de Hess figurait dans des courriers adressés aux autorités de pays européens et aux Nations unies, et que ce dernier communiquait des informations aux autorités des Etats-Unis. L’agence affirme également que le journaliste collaborait avec Muharrem Erbey, ancien chef de la branche de Diyarbakir de l’IHD, incarcéré le 24 décembre 2009, pour ses activités politiques.
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Updated on 20.01.2016