Le gouvernement s’intéresse-t-il vraiment au sort des journalistes?

Reporters sans frontières est préoccupée par la continuation des violences perpétrées par l’unité spéciale de prévention du crime, le Rapid Action Battalion (RAB), contre les professionnels des médias, et par les atteintes à la liberté de la presse commises par des membres du gouvernement du Bangladesh. “Ces incidents interviennent dans un climat persistant d'insécurité pour les journalistes. L’actuel gouvernement du Bangladesh avait, dans un premier temps, permis aux médias de travailler dans la sérénité. Mais, aujourd’hui, les violations répétées de la liberté de la presse jettent un doute sur la fermeté des engagements des autorités en la matière. Nous appelons le gouvernement à mettre fin aux violences illégitimes exercées par le RAB”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 12 septembre 2011, des employés de Bangla Vision, chaîne de télévision privée, ont été attaqués par des agents du RAB, dans le quartier de Kathalbagan à Dacca. Une fois de plus, le RAB profite d’une situation pour manifester leur pouvoir extrajudiciaire et s’en prendre aux journalistes, cibles privilégiées. Lors d’une dispute entre des journalistes de Bangla Vision et des employés d’une entreprise privée, United Leasing, située dans le même bâtiment, des agents du RAB ont été appelés par l’un des employés d’United Leasing. Une fois sur les lieux, six agents du bataillon, en civil, sont violemment intervenus. Les policiers du RAB ont tiré des coups de feu en l’air et ont agressé les journalistes. Un employé de Bangla Vision, Hasanul Islam Raihan, a été détenu pendant deux heures et sévèrement frappé par les agents. Le journaliste Zahida Rahman, le caméraman Russel Mizan et un autre employé de la chaîne de télévision, Monju, ont été blessés. Lors d’une réunion entre de hauts gradés du RAB et la direction de Bangla Vision, vers 20 heures, un représentant de l’escouade, Mohammad Sohail, a déclaré qu’un “comité d’investigation serait formé”. Hasanul Islam Raihan a été relâché et hospitalisé à l’hôpital Square afin de traiter ses blessures graves. Le même jour, le gouvernement a publié une proposition de loi visant à interdire aux chaînes de télévision et aux radios privées la diffusion de programmes qui constitueraient une menace pour la sécurité et la souveraineté nationale ou qui renverraient une image négative des figures ou de l’idéologie nationales. La proposition de loi prévoit également l’obligation de diffuser des contenus proposés par le gouvernement, notamment des discours du Président et du Premier ministre. Le 11 septembre 2011, le ministre de la Navigation, Shahjahan Khan, a interdit à une soixantaine de journalistes de couvrir une conférence des ministères de l’Intérieur, de la Navigation et de la Communication. Bien qu’officiellement invités par le ministère de la Communication, les journalistes ont été renvoyés de la conférence et ont dû attendre devant les portes fermées. Les trois ministères ont récemment fait l’objet de critiques par les médias. Le Bangladesh se situe à la 126ème place dans le classement de la liberté de la presse dressé par Reporters sans frontières en 2010.
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Updated on 20.01.2016