Le corps du reporter Aziz Memon retrouvé mort dans le sud-est du Pakistan

Reporters sans frontières (RSF) condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat sauvage de ce journaliste, et exige des autorités provinciales qu'elles mettent tout en œuvre pour ce crime ne reste pas impuni.

Son corps a été retrouvé dans un canal, avec du fil de fer enroulé autour du cou. Reporter pour la chaîne KTN TV et le journal Kawish, du nom du principal groupe de presse en langue sindhie du Pakistan, Aziz Memon était parti en reportage vers la localité de Behlani le matin du 15 février. Le lendemain, il flottait, mort, dans un chenal d'irrigation de sa ville de Mehrabpur, dans la province du Sindh, dans le sud-est du Pakistan. 


Selon son confrère Akhlaiq Jokhiyo, interrogé par RSF, les premières analyses post-mortem ne montrent pas de signe de torture ou de coups. “Le modus operandi du meurtre est si sophistiqué que l’on a retrouvé aucune trace des assassins”, explique le journaliste. “On pense qu’Aziz a été préalablement tué [par strangulation] avant que son corps ne soit jeté dans le canal.”  


“Nous appelons le Premier ministre de la province du Sindh, Syed Murad Ali Shah, à tout mettre en œuvre pour que l'assassinat sauvage d’Aziz Memon ne reste pas impuni, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous appelons aussi le gouvernement fédéral et le législateur à mettre au point au plus vite une loi garantissant la protection des journalistes et la lutte contre l’impunité, afin d’enrayer la spirale de violence à laquelle sont confrontés les reporters du pays.”


Menaces


Le témoignage de son épouse, confirmé auprès de RSF par son collègue Akhlaiq Jokhiyo, laisse clairement penser qu’Aziz Memon a été visé en raison de ses activités journalistiques. Selon ce dernier, le reporter avait fait l’objet de menaces répétées. “Il s’était même réfugié quelque temps à Islamabad”, avant de finalement revenir dans sa ville de résidence.  


Le rédacteur en chef de la chaîne KTN TV, Mustafa Jarwar, a lui-même confirmé à RSF qu’Aziz Memon lui avait en effet fait part de menaces de mort. Elles auraient été déclenchées à la suite d’une enquête qu’il avait publié sur la “Marche ferroviaire”, ou “Train March”, une campagne de manifestations et de meetings organisée il y a un peu moins d’un an par le Parti du peuple pakistanais et son président, Bilawal Zardari Bhutto, qui a traversé le Sindh en train. 


Aziz Menon est le premier journaliste pakistanais tué en 2020. L’années passée, quatre reporters et un blogueur ont trouvé la mort en raison de leur activité journalistique.


Le Pakistan se situe actuellement à la 142e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de 2019.

Publié le
Updated on 17.02.2020