La presse soudanaise attaquée sur tous les fronts

Reporters sans frontières (RSF) condamne les mesures de censure prises par le Conseil national de la presse et des publications soudanais. Cet organe a annoncé, fin avril, qu’une quinzaine de journalistes étaient interdits de travailler pour leurs journaux. L’organisation demande aux autorités soudanaises de mettre un terme à ces mesures qui portent une atteinte grave à la liberté de l’information, déjà malmenée dans le pays.

Fin avril, le Conseil national de la presse et des publications (CNPP) a interdit à une quinzaine de journalistes soudanais de continuer à travailler pour leurs journaux. Victimes de pressions, les patrons de médias -qui ont reçu des lettres menaçantes de la part du CNPP- ont dû notifier leur renvoi aux journalistes concernés.


Le 28 avril, le journal Al-Jareeda a annoncé à Ahmed Amin, Hayder Ahmed Khair Alla et Selah Ahmed Abed Alah qu’il mettait un terme à leur emploi. La direction avait reçu quelques jours plus tôt un courrier du CNPP demandant la suspension des journalistes, accusés d’exercer sans licence. Le lendemain, c’était au tour du quotidien Al-Sudani de remercier trois de ses journalistes : Khalid Ahmed, poursuivi en justice par l’armée pour “cyber crime”, Hiba Abedazeem, interpellée par les services de renseignements (NISS) en septembre dernier, et Nour Eldien Madani. Neuf autres journalistes de quatre journaux différents ont également été remerciés.


“Ces mesures portent un coup grave à la liberté de la presse au Soudan, déjà régulièrement malmenée par les confiscations et les suspensions abusives de journaux, déclare Reporters sans frontières. Nous demandons aux autorités soudanaises et surtout aux services de renseignements d’arrêter de persécuter la communauté des journalistes, dont le métier est essentiel à une société démocratique digne de ce nom. ”


Ces renvois groupés interviennent dans un contexte particulièrement tendu au Soudan, alors que des manifestations étudiantes prennent de l’ampleur dans plusieurs régions du pays et que deux étudiants sont morts sous les coups des agents du NISS. Le 19 puis le 27 avril, le NISS a interdit aux journaux de couvrir des événements liés aux manifestations, à l’opposition ou aux défenseurs des droits de l’Homme. Le 30 avril, le NISS a également empêché la tenue d’une conférence organisée par le Réseau des journalistes soudanais à Khartoum.


RSF avait dénoncé récemment la multiplication des confiscations de journaux opérées par le NISS : en un mois seulement, ses agents ont mené huit saisies.


Le Soudan est classé 174ème sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2016.

Publié le
Mise à jour le 03.05.2016