La justice birmane ne doit pas faire le jeu de l’armée qui harcèle les journalistes

Reporters sans frontières (RSF) demande à la justice birmane de libérer Kyaw Min Swe, journaliste pour The Voice Daily, poursuivi par l’armée pour avoir publié un article satirique. Parallèlement, l’organisation exhorte les autorités à amender rapidement la loi de 2013 sur les télécommunications.

Le 2 juin dernier, Kyaw Min Swe, rédacteur en chef pour The Voice Daily, l’un des journaux les plus importants en Birmanie, a été arrêté pour diffamation suite à une plainte déposée par l’armée birmane sur la base de l’article 66(d) de la loi sur les télécommunications. Selon les militaires, le journaliste aurait publié un article injurieux à leur encontre. A l’issue de l'audition qui s’est tenue le 16 juin 2017, la justice a décidé de maintenir Kyaw Min Swe en détention en attendant la prochaine date du procès le 23 juin.


Un autre chroniqueur de The Voice Daily, Kyaw Zwa Naing, plus connu sous le pseudonyme de British Ko Ko Maung, comparaissait également au côté du directeur de la publication. Dans son cas, la Cour a décidé de sa libération, arguant qu’il n’avait pas relayé sur les réseaux sociaux l’article controversé.


A la veille de la prochaine audience de Kyaw Min Swe, RSF exhorte la justice birmane à ne pas donner suite à la plainte de l’armée et à procéder à la libération du journaliste. L’organisation dénonce par ailleurs le recours abusif de l’article 66(d) de la loi sur les télécommunications qui est trop souvent utilisé pour censurer ceux qui osent critiquer les autorités. Cette disposition, qui interdit et punit jusqu’à trois ans d’emprisonnement “l’extorsion, la coercition, la diffamation, l’influence illégitime, la gêne, la menace de tout individu au moyen des réseaux de télécommunications”, donne trop fréquemment lieu à des poursuites sans fondements.


En 2016, le rédacteur en chef et le directeur d’Eleven Media avaient été arrêtés en vertu de l’article 66(d) après avoir dénoncé des faits de corruption. Le 7 avril 2017, Myo Yan Naung Thein a été reconnu coupable de diffamation et condamné à 6 mois de prison en vertu de l’article 66(d) de la loi sur les télécommunications pour avoir critiqué le chef des forces armées birmanes. Il a été remis en liberté le 12 avril au matin.


La Birmanie occupe la 131ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2017 établi par RSF.

Publié le
Updated on 23.08.2019