La Corée du Sud s’engage à remonter à la 30e place du classement RSF

La Corée du Sud annonce souhaiter regagner la place qu’elle occupait il y a dix ans dans le classement Reporters sans frontières (RSF). Cet engagement a été annoncé durant la visite d’une délégation de RSF menée par son secrétaire général Christophe Deloire.

Le comité de transition du nouveau président sud-coréen Moon Jae-in a pris l’engagement de faire remonter son pays à la 30e place dans le classement Reporters sans frontières (RSF) de la liberté de la presse, d’ici la fin de son mandat. L’annonce a été faite mercredi dernier, le jour de l’arrivée en Corée du Sud d’une délégation de RSF menée par le secrétaire général de l‘association Christophe Deloire, accompagné de Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, et le militant chinois Wu’er Kaixi, tous deux membres du Conseil émérite de RSF.


La Corée du sud, 31e en 2006, a connu une décennie de régression et figure cette année à la 63e place du classement RSF, qui compte 180 pays. L’intolérance à la critique a atteint son paroxysme dans le bras de fer qui a opposé, entre 2014 et 2016, l’ancienne présidente sud-coréenne Park Geun-hye et les médias qui avaient révélé des scandales de corruption la concernant. Elle a depuis été destituée, en dépit de multiples pressions et menaces faites à l’encontre des journalistes à l’origine des révélations.


Le président Moon Jae-in, élu le 9 mai dernier, est pour sa part un militant des droits humains réputé, qui fut emprisonné deux fois sous régime du dictateur sud-coréen Park Chung-hee. Peu après l’élection, dans une lettre au président Moon, le secrétaire général de RSF Christophe Deloire avait appelé de ses voeux “que l’histoire retienne le mandat du président Moon comme celui du renouveau de la liberté d’expression et permettre à la Corée du Sud de porter sans réserve son titre de “premier pays connecté du monde.”


Journalistes renvoyés ou sanctionnés


L’annonce figure en quatrième position dans une liste des 100 priorités de la nouvelle administration publiée par le Comité consultatif sur la planification des Affaires de l'État, un organisme qui prépare la mise en pratique des promesses du président pour les cinq années de son mandat, jusqu’à mai 2022. Le vice-ministre de la culture, des sports et du tourisme, Na Jongmin, a reçu la délégation RSF et a confirmé les intentions du président.


“Nous attendons maintenant que l’administration Moon traduise rapidement cette annonce en termes concrets, commente Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF, citant parmi les chantiers urgents “la décriminalisation de la diffamation” et “la suppression des lois qui, au nom de la sécurité nationale, punissent de peines extrêmement sévères la diffusion d’informations sensibles, notamment sur la Corée du Nord.”


La délégation RSF, qui s’est aussi rendue à Taïwan et au Japon, a notamment rencontré l’Association des Journalistes de Corée, avec laquelle un accord d’amitié a été signé, ainsi que les représentants d’un syndicat de journalistes du groupe audiovisuel public Munhwa Broadcasting Corporation (MBC), qui réclame la réhabilitation et la réintégration des nombreux journalistes renvoyés ou sanctionnés suite à des pressions exercées par le pouvoir sous les deux présidences précédentes.

Publié le
Updated on 26.07.2017