Julio Ernesto Alvarado officiellement interdit de travailler, une première au Honduras
Depuis le 29 octobre 2015, Julio Ernesto Alvarado, animateur pour Globo TV au Honduras, n’a plus le droit d’exercer sa profession. Reporters sans frontières (RSF) dénonce fermement cette décision scandaleuse, et apporte son soutien aux journalistes du média, cibles des autorités depuis 2009.
Le 29 octobre dernier, un fonctionnaire du tribunal de l'application des peines du Honduras a remis en main propre à Julio Ernesto Alvarado, animateur de l’émission “Mi Nación” pour la chaîne Globo TV, une notification officielle de suspension de la profession de journaliste.
C’est la première fois qu’une interdiction d’activité est rendue officielle au Honduras.
Difficile pourtant d’affirmer que le travail de Julio constitue une menace pour le gouvernement de Juan Orlando Hernández. Son tort ? Julio Ernesto Alvarado est poursuivi pour diffamation depuis décembre 2013, à la suite d’une plainte déposée en 2006 par l’ancienne doyenne de l’Université nationale des sciences économiques du Honduras, Belinda Flores Mendoza, qui lui reproche d’avoir diffusé dans son programme “Mi Nación” des informations concernant des charges portées contre elle par la Cour suprême.
Cette interdiction d’exercer, prévue depuis la condamnation de Julio Ernesto en 2013, avait été dénoncée par la CIDH qui accordait en novembre 2014 des mesures préventives et ordonnait la suspension de la décision. Ces mesures préventives n’avaient pas été respectées par la justice hondurienne, mais avaient néanmoins permis au journaliste de poursuivre son activité professionnelle le temps de l’examen du dossier par la CIDH.
Le 4 septembre 2015, dernier, le recours d’amparo déposé par Julio Ernesto en octobre 2014 était rejeté par la Cour suprême du Honduras, créant un précédent funeste pour la liberté d’expression.
A travers le procès fleuve de Julio, il apparaît évident que les autorités veulent par tous les moyens empêcher la rédaction de Radio Globo y TV de fonctionner.
“L’acharnement subit par Radio Globo y TV de la part du gouvernement hondurien est inacceptable, déclare Emmanuel Colombié, chef du bureau Amérique latine de RSF. Il est temps de mettre fin au calvaire de Julio Ernesto Alvarado et de laisser les journalistes honduriens travailler. L’interdiction d’exercer pour Julio Ernesto est un événement sans précédent au Honduras. Nous appelons la juge d’application des peines à annuler la sentence, seule issue possible pour Julio Ernesto, et demandons une fois encore aux autorités de respecter leurs engagements pris auprès de la CIDH.”
Ce nouveau rebondissement dans l’affaire Alvarado constitue un énième pied de nez des autorités honduriennes à la Commission inter-américaine des droits de l’Homme (CIDH) puisque le gouvernement s’était engagé, à peine huit jours plus tôt le 21 octobre, à maintenir en suspens l’exécution de cette décision. La veille, ces mêmes autorités avaient empêché Julio Ernesto de se rendre à Washington pour assister à une audience de la CIDH pour plaider son cas.
Le 29 octobre 2015, lorsqu’il a pris connaissance de son interdiction formelle d’exercer, Julio Ernesto a naturellement refusé de signer le document. Ses collègues de Globo TV tentent depuis lors d’assurer la permanence du programme, avec l’aide à distance du journaliste, mais la situation devient trop compliquée à gérer. A court terme et malgré son courage, il n’a plus d’autre choix que d’abandonner son émission.
Le Honduras est 132e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.