Huang Qi et trois journalistes citoyens détenus pour des articles sur Tian’anmen
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Reporters sans frontières dénonce l’arrestation et la détention du directeur du site d’information 64 Tianwang Huang Qi, le 13 mars 2014, et de trois autres journalistes citoyens et contributeurs du site, le lendemain, suite à leur couverture des actions de pétitionnaires sur la place Tian’anmen. A l’occasion de la session parlementaire annuelle de l’Assemblée nationale populaire, de nombreux pétitionnaires tentent d’attirer l’attention des autorités sur les injustices qu’ils subissent.
“Nous condamnons fermement les arrestations des journalistes citoyens ainsi que le harcèlement dont est victime Huang Qi. Nous exigeons la remise en liberté des trois contributeurs du site qui sont toujours détenus arbitrairement, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Chaque fois qu’elles décident de censurer la population et ceux qui, courageusement, tentent de lui donner un écho, les autorités démontrent un peu plus leur volonté d’ignorer les problèmes sociaux et leur déni face aux critiques de plus en plus fréquentes dont elles font l’objet”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Dans l’après midi du 13 mars, une dizaine de policiers se sont rendus au domicile de Huang Qi à Chengdu, où ils ont procédé à son arrestation et ont saisi son ordinateur, son téléphone portable ainsi que des clés USB. Le 14 mars, les policiers se sont de nouveau rendus chez Huang Qi.
Contacté par Reporters sans frontières, ce dernier a déclaré : ”Il y avait des policiers en provenance du bureau de la sécurité publique de Pékin. Ils m’ont signifié deux convocations et une dizaine de policiers a alors perquisitionné mon domicile. Deux d’entre eux étaient même armés. Ils m’ont demandé des informations sur les contributeurs du site qui étaient à Tian’anmen.”
La semaine précédente, ces trois journalistes citoyens avaient été arrêtés pour avoir pris des photos d’incidents survenus sur la place Tian’anmen, à Pékin. Le 5 mars, jour de l’ouverture de la session, une femme avait tenté de s’immoler avant d’être interrompue et emmenée par des officiers. 64 Tianwang, par le biais de la journaliste citoyenne et contributrice du site Wang Jing, avait rapporté cet incident en publiant les photos montrant un nuage de fumée s’élevant d’un endroit proche de la Cité Interdite.
(source : 64 Tianwang)
Le lendemain, un homme d’une trentaine d’année a jeté de l’encre sur le coin inférieur gauche du portrait géant de Mao Zedong surplombant la place. A la suite de cet incident, les policiers ont rapidement “évacué” l’individu en définissant un périmètre de 200 mètres pour dissimuler l’offense.
Wang Jing a été arrêtée le vendredi et renvoyée dans sa province d’origine, le Jilin, où elle demeure en détention criminelle. Elle serait accusée d’avoir “cherché des querelles et provoqué des troubles”, une accusation pouvant entraîner jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Liu Xuehong et Xing Jian, deux autres contributeurs de 64 Tianwang, ont été arrêtés le 8 mars dernier. Liu Xuezhong avait rapporté l’incident du portrait de Mao et est détenue au centre de détention de Pékin. Selon son mari, interrogé par Amnesty International, les policiers auraient pris comme prétexte une appartenance au Falun Gong et auraient saisi des ordinateurs, des appareils photos ainsi qu’un disque dur. On ignore actuellement le lieu de détention de Xing Jian, âgé de 17 ans.
Huang Qi a déjà purgé deux peines de prison équivalant à huit ans depuis le début des années 2000. En juillet 2008, il avait été inculpé pour “possession illégale de secrets d’Etat” et condamné à trois ans de prison alors qu’il voulait venir en aide aux parents dont les enfants avaient été tués lors du séisme survenu au Sichuan, en 2008.
Huang Qi est lauréat du Prix Cyberliberté (désormais prix Net-citoyen) décerné par Reporters sans frontières en 2004.
Il y a un an, lors de l’investiture de Xi Jinping, celui-ci s’était engagé à sans cesse fournir des bénéfices à la population”. La session annuelle de la 12e Assemblée nationale populaire avait également été caractérisée par des nombreux actes de censure et de contrôle de la liberté d’association.
La Chine a été à nouveau classée “ennemi d’Internet” dans le rapport 2014 de Reporters Sans frontières et se classe 175e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi en 2014 par l’organisation.
Publié le
Updated on
20.01.2016