Honduras : un journaliste assassiné dans le sud du pays, le premier en 2019

Suite à l’assassinat du journaliste Gabriel Hernandez, le dimanche 17 mars 2019 à Nacaome (sud du pays), Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités honduriennes de privilégier la piste professionnelle dans l’enquête et appelle à un renforcement urgent du Mécanisme national de protection des journalistes.

Gabriel Hernandez (54 ans), directeur du programme ‘El Pueblo Habla’, pour la chaîne indépendante Valle TV a été assassiné le dimanche 17 mars à Nacaome, dans le département de Valle, au sud du pays. En plein jour, deux individus à bord d’un véhicule non identifié se sont approchés de Gabriel Hernandez alors qu’il s'apprêtait à prendre un bus pour rentrer chez lui, et ont ouvert le feu avant de prendre la fuite. Transporté à l'hôpital, il a succombé à ses blessures quelques heures plus tard . Il s’agit du premier assassinat de journaliste au Honduras depuis le début de l’année.


Gabriel Hernandez était un journaliste critique et dénonçait régulièrement dans son programme la corruption des élus de la région. Quelques jours avant l’attaque, il avait publié une tribune sur sa page Facebook appelant au départ du président du Honduras Juan Orlando Hernández. Son franc-parler lui avait valu de nombreuses menaces de mort, qu’il avait signalées en 2018 au Mécanisme national de protection des journalistes, qui n’avait pas considéré les risques encourus comme crédibles.


RSF est par ailleurs très préoccupée par la situation du journaliste Leonel García, directeur du programme TV indépendant "Noticias Dígalo Cómo Quiera" et très proche de Gabriel Hernandez, avec qui il collaborait régulièrement et venait de dénoncer les malversations du maire de Nacaome, Victor Flores, et du député local Alfredo Saavedra. En février 2019, suite à des menaces, Leonel García avait officiellement demandé au Mécanisme national de protection des journalistes de bénéficier de mesures de sécurité d’urgence, demande elle aussi rejetée. Leonel García, avec qui RSF a pu entrer en contact ce 19 mars, est dans un état psychologique extrêmement fragile et craint lui aussi d’être assassiné.

 

Les autorités honduriennes doivent mener une enquête impartiale sur cet odieux assassinat et privilégier la piste professionnelle”, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de RSF “ Le Mécanisme de protection doit par ailleurs être renforcé et il faut revoir de toute urgence ses critères d’adhésion afin de garantir au journaliste Leonel García et à ses proches toute la sécurité qui s’imposent”.

 

Depuis plusieurs mois, les attaques et les menaces contre la presse indépendante se multiplient au Honduras, et notamment dans le sud du pays où les journalistes Jairo López et Edgar Andino, qui bénéficient pourtant de la protection du Mécanisme national, ont été agressés et menacés par des officiels et par la police locale en ce début d’année 2019.

 

Le Honduras se classe 141ème sur 180 pays dans le Palmarès mondial 2018 de la liberté de la presse.

Publié le
Mise à jour le 19.03.2019