Harcèlement contre la presse indépendante

Le 20 janvier 2003, le tribunal de Lenin, à Bishkek, a ordonné la saisie des biens et la gelée des comptes du quotidien d'opposition Moya Stolitsa, qui dénonce régulièrement la corruption de la classe politique. Cette décision fait suite à plusieurs plaintes pour diffamation, déposées contre le journal par des proches du président Akaïev, dont le Premier ministre, Nikolaï Tanaïev. Le montant total des amendes réclamées au quotidien s'élevait initialement à près de 300 000 euros. Les poursuites judiciaires sont toujours en cours. "Le montant exorbitant des sommes réclamées menace la survie du quotidien Moya Solitsa", a déclaré Robert Ménard, dans un courrier adressé au président de la cour d'appel de Bishkek, Rahimberdy Saliev. "Nous vous demandons de mettre un terme à ces pressions financières qui n'ont qu'un seul objectif : censurer toute information indépendante au Kirghizistan", a-t-il ajouté. Reporters sans frontières rappelle que Moya Stolitsa fait l'objet de pressions systématiques depuis plusieurs années. En 2002, l'imprimerie Uchkun, monopole d'Etat, avait invoqué à plusieurs reprises des prétextes fallacieux pour refuser d'imprimer des éditions qui contenaient des articles dénonçant des affaires de corruption dans les hautes sphères du pouvoir. Le 17 janvier 2003, Alexandra Chernykh, journaliste de Moya Stolitsa, avait été agressée par deux inconnus. Sa mère, Rina Prizhivoit, responsable du service politique du quotidien, est réputée pour ses enquêtes sur la corruption au sein de la classe politique, y compris au sein de la famille du président Akaïev.
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Updated on 20.01.2016