Hamid Mir pris pour cible pour son travail sur les forces de sécurité

Journaliste de renom, Hamid Mir a été attaqué le 19 avril 2014 peu de temps après avoir atterri à Karachi. Selon la police locale, quatre individus à moto ont ouvert le feu sur le véhicule du présentateur de “Capital Talk” (Geo TV) alors qu’il se rendait à son bureau. Hamid Mir aurait été blessé par balles, notamment à l’estomac et aux jambes. Il a ensuite été emmené dans une clinique locale pour y être opéré d’urgence. Son pronostic vital n’est plus engagé.

Les agresseurs du journaliste n’ont pas été appréhendés par la police. Le 7 avril dernier, Hamid Mir avait déclaré à Reporters sans frontières que les services de renseignements (Inter Service Intelligence, ISI) “conspiraient” contre lui dans le but de lui “faire du mal”. Son frère, Amir Mir, s’exprimant sur la chaîne Geo News, a déclaré avoir été prévenu par le journaliste que toute attaque dont il ferait l’objet “devrait être imputée à l’ISI et son chef, le Lieutenant Chef Zaheerul Islam”.

  

“Bien que choquante, cette attaque n’est malheureusement pas une surprise”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie Pacifique de Reporters sans frontières. “Hamid Mir était la cible permanente de nombreux ‘prédateurs de la liberté de la presse’, en premier lieu desquels les taliban et les agences de renseignement. Nous prenons note de la création d’une commission d'enquête spéciale par le premier ministre, mais rappelons qu’elle n’est pas une fin en soi. Le gouvernement doit être prêt à prendre des actions concrètes consécutives au rapport d’enquête qui sera rendu par la commission. Nous ne saurions tolérer une nouvelle affaire Saleem Shahzad”.

  

Depuis deux ans, Hamid Mir fait régulièrement l’objet de menaces d’origines diverses. Ses enquêtes sur les activités des services de renseignement font partie de ses travaux les plus sensibles. A la suite d’un article portant sur les disparitions forcées causées par l’ISI, la cour de la ville de Quetta (province du Balouchistan) a émis, le 7 avril 2014, un mandat d’arrêt à son encontre. Cette affaire juridique peut être le prétexte d’attaques à l’encontre d’Hamid Mir qui déclarait savoir “que des personnes pouvaient l’atteindre”. Ces craintes font écho à un incident survenu lorsqu’il comparaissait pour une audition en septembre 2012 dans la ville de Quetta. Il avait alors été attaqué puis secouru par un responsable de la police. Celui-ci avait été assassiné quelque temps après. Selon Hamid Mir, un juge qui avait refusé d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre avait également été assassiné.

  

En novembre 2012, une bombe avait été désamorcée sous la voiture du journaliste peu après sa prise de position virulente vis-avis de l’attaque contre Malala Yousafzai par des taliban.

  

Le Pakistan pointe à la 158e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières. Avec 7 journalistes assassinés en 2013, c’est également un des plus meurtriers pour les professionnels des médias.

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Updated on 16.02.2022