Gambie : les défis à relever pour un environnement plus propice à la liberté de la presse

Reporters sans frontières (RSF) se réjouit de la décision du gouvernement gambien d’accorder une subvention aux médias durement touchés par la pandémie Covid-19. Mais de nombreux défis doivent être relevés pour une presse plus libre dans ce pays.


Le parlement gambien a approuvé, le 27 juillet dernier, un projet de loi accordant une subvention de 15 millions de Dalasi (environ 300.000 dollars US) à la presse écrite et aux radios du pays. Une autre subvention est prévue pour les chaînes de télévision. C'est la première fois depuis 1965 que les médias reçoivent une telle aide.


« Cette décision historique est d’autant plus importante qu’elle intervient à un moment où la presse est confrontée à une crise financière sans précédent, qui a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, déclare Assane Diagne, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Cette mesure ne doit cependant pas occulter les autres défis qu’il reste à relever pour créer un environnement plus propice au libre exercice du journalisme dans un pays marqué par une dictature de plus de 20 ans».


Parmi ces défis figurent la nécessité d’abolir les lois draconiennes introduites par le régime de l’ancien président Yahya Jammeh et qui sont toujours en vigueur. Malgré la bonne volonté affichée par le président Adama Barrow arrivée au pouvoir en 2017, les lois liberticides sur la presse n'ont toujours pas fait l'objet de la grande réforme attendue. C’est le cas des lois anti-médias telles que celles sur les fausses nouvelles, la diffamation ou la diffamation criminelle. Le comportement, souvent brutal, des forces de sécurité dans leurs relations avec les journalistes est une autre problématique qui reste à régler. Tout comme la question de l'extradition de l'ancien dictateur, considéré comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste Deyda Hydara, qui est toujours réfugié en Guinée équatoriale.


Depuis le départ de Yahya Jammeh du pouvoir, le paysage médiatique s’est diversifié. Le pays compte aujourd’hui quatre quotidiens, un trihebdomadaire, 33 stations de radios, six chaînes de télévision et un nombre important de sites d’information en ligne.


La Gambie figure à la 87e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.

Publié le
Mise à jour le 06.08.2020