Examen périodique universel: mettre un coup d’arrêt à la dérive liberticide de la Russie

Le Conseil des droits de l’homme des Nations-unies se penche, le 14 mai 2018, sur le respect des libertés fondamentales en Russie. Reporters sans frontières (RSF), qui bénéficie d’un statut consultatif auprès de l’ONU, lui a fait parvenir un rapport soulignant la grave dégradation de la liberté de l’information.

Le rapport de RSF le montre : la dégradation est constante depuis le dernier examen de la Russie au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, en 2013, dans le cadre de l’Examen périodique universel. Alors que l’exercice se répète ce 14 mai, Moscou n’a mis en œuvre aucun de ses engagements. Et la liberté de la presse reflue désormais à un niveau inédit depuis la chute de l’URSS.


“Il est temps de mettre un coup d’arrêt à la dérive liberticide de la Russie, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. L’Examen périodique universel doit être l’occasion d’exiger de Moscou la révision de toutes les lois qui limitent indûment la liberté de la presse, l’abandon des pressions contre les médias indépendants et Internet, la libération immédiate des journalistes et blogueurs emprisonnés, et la fin de l’impunité.”


La pression sur le journalisme s’intensifie à mesure que s’installe une atmosphère de haine et de paranoïa, nourrie par la guerre en Ukraine et l’isolement du pays. Les télévisions nationales, contrôlées par l’État, diffusent une nouvelle vulgate patriotique, néo-conservatrice et volontiers complotiste. Les médias indépendants, qui persistent à faire leur travail de façon remarquable, sont confinés à une niche toujours plus étroite. Dès lors qu’ils parviennent à atteindre un auditoire significatif, ils sont brutalement remis en place : licenciement des rédacteurs en chef de Lenta.ru et RBC, exclusion des bouquets satellitaires de Dojd... Avec la bénédiction du Kremlin, la Tchétchénie et la Crimée, annexée en 2014, sont devenus des zones de non-droit purgées de tout pluralisme.


La contribution de RSF montre comment les lois liberticides qui se multiplient depuis 2012 réduisent le champ de la libre expression, criminalisent la société civile, sapent l’assise économique des titres indépendants et reprennent en main Internet. De plus en plus d’internautes sont jetés en prison pour leurs propos sur les réseaux sociaux, voire pour un simple “like”. Malgré des dommages collatéraux vertigineux, Moscou persiste dans son acharnement à bloquer l’application de messagerie cryptée Telegram.


A ce jour, RSF dénombre au moins sept journalistes et blogueurs emprisonnés du fait de leurs activités d’information en Russie, un chiffre inégalé depuis 1991. Parmi eux figure le journaliste d’investigation Alexandre Sokolov, le rédacteur en chef de Kaliningrad Igor Roudnikov et le correspondant tchétchène Jalaoudi Guériev.


Les assassins et agresseurs de journalistes bénéficient d’une impunité généralisée. Au moins 34 professionnels des médias ont été tués du fait de leurs activités d’information depuis l’an 2000 en Russie. Dans la grande majorité des cas, les enquêtes ne donnent rien et les commanditaires ne sont jamais identifiés. Parmi les exemples récents figurent l’assassinat du journaliste d’investigation Nikolaï Androuchtchenko, en avril 2017, ou encore la violente attaque d’un convoi de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme en Ingouchie en mars 2016.


Lire la contribution de RSF (en anglais)


La Russie occupe la 148e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.

Publié le
Updated on 14.05.2018

Related document