Espagne: RSF condamne une grave atteinte au secret des sources de deux journalistes

Après que la police espagnole a saisi les téléphones et ordinateurs portables de deux journalistes enquêtant sur une affaire de corruption, Reporters sans frontières (RSF) condamne une atteinte au secret des sources et exige la restitution immédiate du matériel confisqué.

Un juge de Palma de Majorque a ordonné mardi 11 décembre la confiscation des téléphones portables, des ordinateurs et de certains documents détenus par deux journalistes spécialistes des affaires judiciaires, travaillant pour l'agence Europa Press et le Diario de Mallorca.


Le magistrat enquêtait sur l'origine de la fuite d'un rapport de police dans un retentissant scandale de corruption aux Baléares impliquant un gérant de discothèques qui aurait bénéficié de la protection de policiers locaux et de politiciens. Dans son ordonnance, le magistrat autorise l'étude des courriers électroniques et des messages sur WhatsApp et autres réseaux sociaux des deux journalistes qui ont publié le contenu du rapport en juillet dernier dans leurs médias respectifs.


Le journaliste de Diario de Mallorca, Kiko Mestre, a d’abord été convoqué au palais de justice de Palma de Majorque où son téléphone portable lui a été confisqué avant que des policiers se présentent à la rédaction du journal et tentent de s’emparer de son ordinateur- saisie à laquelle la direction du média s’est catégoriquement opposée.


Au même moment, une autre équipe de la police nationale se présentait dans les locaux de l’agence Europa Press pour exiger que la journaliste Blanca Pou lui remette son téléphone portable et son ordinateur.


“RSF s’élève contre cette grave violation du secret des sources des journalistes, pourtant garanti par la loi espagnole et demande aux autorités judiciaires de restituer immédiatement le matériel confisqué aux journalistes,” déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone UE-Balkans de RSF.


Les deux médias ont porté plainte contre le juge suite à ces saisies qui ont été condamnées par les associations de journalistes mais aussi de nombreuses personnalités politiques de tous bords. Une cinquantaine de journalistes ont notamment manifesté devant la Cour suprême pour défendre le secret des sources.


L’Espagne figure à la 31e position sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 publié par Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 19.12.2018