Espagne : RSF condamne la croisade du parti d'extrême droite VOX contre la liberté de presse

Pressions, harcèlement sur les réseaux sociaux, accusations ou insultes dirigées contre des journalistes : Reporters sans frontières (RSF) exige que la formation d’extrême droite VOX, mette un terme à ses attaques envers la liberté de la presse et respecte le droit à l’information des citoyens tel qu’il est consacré à l’article 20 de la Constitution espagnole.

Le 10 novembre 2019, à l’issue des élections législatives, le parti d’extrême droite VOX est devenu la troisième force politique en Espagne. Le parti dirigé par Santiago Abascal est à l’origine de nombreuses atteintes à la liberté de la presse. Ses attaques contre les journalistes se sont intensifiées au cours des dernières semaines au point de refuser l’accréditation de différents médias du groupe Prisa à plusieurs conférences de presse, de promouvoir le lynchage de journalistes sur les réseaux sociaux et le harcèlement de reporters sur le terrain. Ces attaques vont à l’encontre de l’ancrage démocratique que le parti a revendiqué pour pouvoir participer aux élections, obtenir une représentation parlementaire et défendre son idéologie et son programme politique. 

 

Quelques semaines avant la campagne électorale, VOX a confirmé avoir imposé un blackout aux quotidiens et médias numériques El Diario.es, El Plural, Público, La Marea, El Español, El Mundo (hormis deux journalistes), El País (dans certains cas), Infolibre, CTXT et les émissions télévisées de El Intermedio (La Sexta) et  de Todo es Mentira (Cuatro) au motif “qu’il ne se s’agit pas de journalistes, mais d’activistes”. Peu avant les élections, le parti est allé encore plus loin en interdisant aux médias du Grupo PRISA El País et à la radio Cadena SER de couvrir ses rassemblements électoraux, suite à un éditorial de El País qui évoquait des arguments “xénophobes et intolérants” prononcés par Santiago Abascal. L’organe qui veille au bon développement de la campagne et des élections en Espagne a mis en garde VOX, ce qui n’a pas empêché le parti d’exclure les journalistes de PRISA de ces célébrations et conférences de presse lors de la nuit des élections.

 

Préoccupée par la situation en Espagne, RSF lance un avertissement sans appel à VOX afin que la formation politique mette un terme à ses atteintes à la liberté d’information :  


Si VOX persiste à considérer le journalisme comme son ennemi, alors RSF considérera VOX comme un opposant à la liberté de la presse, déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Nous ne pouvons accepter de nouvelles entraves de cette formation politique contre un bien aussi précieux que la liberté d’information et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire entendre nos inquiétudes à l’international et auprès de toutes les instances nécessaires.”

 

Pour que cessent de telles dérives anti-démocratiques en Espagne qui occupe actuellement la 29e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF, l’organisation propose d’apporter son soutien et sa collaboration aux médias et aux journalistes touchés par ces attaques.

Publié le
Updated on 13.11.2019