Disparition de quatre blogueurs pakistanais : toutes les pistes doivent être envisagées
Salman Haider, Waqas Goraya, Asim Saeed et Ahmed Raza Naseer, net-citoyens connus pour leur défense de la laïcité au Pakistan, ont disparu la semaine dernière. Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement à ouvrir des enquêtes sur ces quatre disparitions et à étudier toutes les pistes que ce soient celles des groupes armés ou des forces de sécurité.
Salman Haider, professeur à l’université, connu pour ses commentaires sans ambages sur des disparitions forcées au Baloutchistan, a disparu à Islamabad le 6 janvier 2017. Selon leurs proches, Waqas Goraya, connu pour ses messages critiques envers le pouvoir et les extrémistes religieux, et Asim Saeed ont disparu le 4 janvier près de Lahore (nord-est du pays), tandis qu'Ahmed Raza Naseer aurait été vu pour la dernière fois le 7 janvier. Ces deux blogueurs étaient eux aussi connus pour leurs prises de position libérales. Ahmed Raza Naseer, qui souffre de la poliomyélite, a été enlevé alors qu’il se trouvait dans le magasin de sa famille, situé dans la ville de Sheikhupura, également proche de Lahore, selon une déclaration de son frère le 7 janvier. Le 6 janvier au soir, l’épouse de Salman Haider a recu un SMS en provenance de son téléphone, mais dont elle ne peut certifier que son mari en est bien l’auteur, expliquant qu'il laissait sa voiture sur la voie rapide menant à Islamabad.
“Ces disparitions en série sont choquantes et extrêmement préoccupantes à plus d’un titre, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous ne pouvons ignorer la coïncidence entre elles, ni le fait qu’elles surviennent dans des villes proches de Lahore ou de la capitale. Rien ne peut être affirmé avec certitude, mais nous considérons que la thèse de la disparition accidentelle ne peut être prise au sérieux. Dès lors qu’il s’agirait d’enlèvements, se pose la question des auteurs et du mobile? Groupes radicaux armés, forces militaires… ? Aucune piste ne doit être écartée. La justice doit étudier avec sérieux toutes les possibilités qui permettraient de retrouver sain et sauf les quatre blogueurs. Dans le cas contraire, cela serait perçu comme un immense bond en arrière pour la démocratie au Pakistan.”
Le ministère de l'Intérieur a assuré pendant le week-end qu'une enquête serait menée concernant Salman Haider, sans évoquer le sort des autres disparus. Des manifestations ont été organisées dans les grandes villes du pays pour dénoncer ces disparitions. Des centaines de personnes ont participé aux différents rassemblements de protestations qui avaient pour mot d'ordre #RecoverAllActivists.
Les militants de la société civile et les journalistes couvrant les questions politiques et sociétales sensibles dans le pays font régulièrement l’objet de pressions à la fois des forces de sécurité et des groupes extrémistes armés. Le Pakistan se situe au 147e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2016.