Deux mois après la mort de Hrant Dink, ses proches attendent toujours des autorités la preuve de leur détermination à punir tous les responsables

Le directeur de l'hebdomadaire Agos a été abattu le 19 janvier 2007 à Istanbul. L'arrestation rapide de son assassin présumé n'a pas apaisé les tensions nées de cet attentat. Aujourd'hui, sa famille demande que les responsables des négligences policières mises au jour par l'enquête soient poursuivis.

Le 15 mars 2007, les avocats de la famille de Hrant Dink, Fethiye Çetin et Bahri Bayram Belen, ont déposé une requête auprès du procureur général d'Istanbul, réclamant l'ouverture de poursuites pénales contre tous les responsables ayant négligé de prendre en compte les informations qui auraient pu prévenir l'assassinat du journaliste. Fethiye Çetin a affirmé que pas moins de dix-sept notes informant la police d'Istanbul d'un projet d‘attentat contre le journaliste avaient été envoyées par les policiers de Trabzon (ville proche de la mer Noire d'où de nombreux suspects sont originaires). Les avocats ont également demandé le transfert au parquet d'Istanbul de l'ensemble des procédures judiciaires engagées dans le cadre de l'enquête liée à l'assassinat du journaliste d'origine arménienne. A leur sortie du Palais de Justice d'Istanbul, Fethiye Çetin et Bahri Bayram Belen ont déclaré à la presse que l'assassinat de Hrant Dink ne pouvait être le résultat d'un acte isolé dont les ramifications se limiteraient au seul quartier de Pelitli à Trabzon. Au contraire, la multiplication des affaires mettant en cause les mouvements ultranationalistes depuis l'attentat contre un restaurant Mac Donald's dans la même ville en 2002, s'est poursuivie après la mort du journaliste, attestant, selon eux, de l'existence d'une « organisation terroriste menaçant l'état de droit démocratique.» Enfin, Fethiye Çetin a exigé de savoir quelles étaient les suites des enquêtes judiciaires lancées contre les représentants de la police et de la gendarmerie de Samsun, la ville où Ogün Samast, l'assassin présumé du journaliste, avait été interpellé et où des membres des forces de l'ordre avaient pris des « photos -souvenir » avec l'agresseur. Reporters sans frontières se joint à la requête de la famille du journaliste défunt. L'organisation réaffirme également son inquiétude quant à l'absence de détermination des autorités turques à répondre au péril nationaliste avec la fermeté nécessaire. « Face aux menaces répétées à l'encontre des journalistes et des intellectuels évoquant le génocide arménien et la question kurde, aux négligences scandaleuses des services de police dans le cas de Hrant Dink, aux preuves de sympathie de certains policiers pour ses assassins présumés, nous attendons des autorités des mesures à la hauteur des menaces. Mais le pouvoir peine à convaincre de la sincérité de sa condamnation de cet attentat et de sa volonté de mettre un terme aux dérives criminelles des ultranationalistes », a déclaré l'organisation.
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Updated on 20.01.2016