Deux journalistes abattus au Punjab dans le sud du Pakistan
Organisation :
Deux journalistes pakistanais ont été tués, les 3 et 5 octobre 2014, à Hafizabad dans la région du Punjab (sud du pays). Les auteurs de ces assassinats n’ont pas encore été identifiés.
Nadeem Haider, correspondant pour le journal ourdou Daily Dunya, a été assassiné le 3 octobre dans le quartier de Kaliki Mandi par deux assaillants ayant pris la fuite. Le 5 octobre, Yaqoob Shehzad, correspondant pour Express News et Daily Express, a été abattu par balles par des individus non-identifiés. Il était également le président du Hafizabad Press Club. Bien que ces deux journalistes étaient sans aucun doute la cible de ces attaques, aucun n’avait précédemment reçu de menaces de mort, selon leurs proches. Des enquêtes ont été ouvertes par la police.
Reporters sans frontières s’indigne de ce sinistre bilan et dénonce ces assassinats dans l’un des pays les plus meurtriers pour les journalistes. Depuis le 28 août dernier, quatre journalistes ont été tués au Pakistan.
Dans l’affaire Nadeem Haider, la police a déjà arrêté un suspect. Elle a également pu réaliser quatre portraits-robots des suspects à partir de témoignages, et saisi les caméras qui ont enregistré le meurtre de Yaqoob Shehzad.
“Nous prenons notes des premières actions menées par la police. Au regard de l’impunité dont jouissent tous ceux qui commettent des crimes contre des journalistes pakistanais, nous appelons les autorités à déployer tous les moyens dont elles disposent afin de mener leurs enquêtes à terme, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Deux nouveaux assassinats de journalistes impunis seraient dramatiques pour l’ensemble de la profession et entraîneraient davantage d’autocensure.”
Ce climat d’insécurité, ponctué de menaces de mort et d’attentats, est de plus en plus préoccupant. Il concerne aussi bien les journalistes que leurs collaborateurs ou leur famille. Les locaux du groupe Express media ont été attaqués en août et décembre 2013, tandis que nombre de ses employés ont été menacés de mort ou visés par des attentats. En juillet 2014, Jamshed Baghwan, directeur du bureau de Peshawar d’Express News, a survécu à un troisième attentat à la bombe dirigé contre lui et sa famille.
Le groupe Express media est tout particulièrement la cible d’attaques revendiquées par le groupe Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), afin de faire taire tout article qui porterait préjudice à leur image.
Cependant, les terroristes ne sont pas les seuls à s’en prendre à ce média qui n’hésite pas à traiter de sujets sensibles : le 12 avril 2013, une enquête a été ouverte sur la base de la loi anti-terroriste, impliquant quatre journaux en langue ourdoue dont Express.
Le Pakistan est l’un des pays les plus meurtriers pour les journalistes. Il se positionne 158e sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016