Des policiers suspectés d’avoir brûlé vif le journaliste Jagendra Singh, critique des autorités locales

Reporters sans frontières (RSF) est révoltée par le décès, le 8 juin 2015, du journaliste indien Jagendra Singh, critique notoire du ministre de l’Etat de l’Uttar Pradesh (Nord), Ram Murti Singh Verma. Une semaine auparavant, le journaliste a fait l’objet d’un raid policier au cours duquel il aurait été, selon ses dires, volontairement brûlé par les forces de l’ordre.

Jagendra Singh a succombé à ses blessures le 8 juin à l'hôpital de Lucknow dans la ville de Shahjahanpur, dans le nord de l’Etat de l’Uttar Pradesh. Le 1er juin 2015, le journaliste, avait été grièvement brûlé lors d’une perquisition à son domicile conduite par la police et en présence d’un officiel du gouvernement. Jagendra Singh avait ensuite désigné l’inspecteur de police, Sriprakash Rai, comme auteur de l’attaque ayant brûlé plus de 60% de son corps. Sa famille et d’autres témoins occulaires ont confirmé cette version des faits. Le journaliste avait également accusé le ministre de l’Uttar Pradesh d’avoir “instauré un règne de terreur” à son encontre et sa famille en raison de ses enquêtes et de ses commentaires sur le chef de cet Etat. Jagendra Singh avait récemment publié un article sur Facebook (lien compte Fb) sur le ministre et son implication dans une affaire de minage illégal et d’accaparement de terres. Après son décès, la famille de Jagendra Singh a refusé de procéder à la crémation du corps avant qu’une plainte ne soit enregistrée. Au lendemain du décès du journaliste, le ministre, l'inspecteur de police ayant conduit la perquisition et quatre autres suspects ont été placés en détention provisoire. Une enquête pour “meurtre”, “conspiration criminelle” et “intimidation” a été ouverte. Un représentant de la police a démenti les faits, affirmant que le journaliste s’était immolé pour éviter une arrestation par les forces de l’ordre, sans préciser les motifs de son interpellation. “Nous sommes choqués d’apprendre le décès tragique de Jagendra Singh et adressons nos condoléances à la famille et aux proches du journaliste, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique à Reporters sans frontières. Nous prenons note de l’ouverture d’une enquête et espérons qu’elle sera la plus sérieuse et transparente possible afin de faire toute la lumière sur la mort de ce journaliste. Nous attendons une justice exemplaire dans cette affaire. Le haut rang des suspects ou leur appartenance aux forces de l’ordre ne doit en aucun cas perturber ou altérer le fonctionnement de la justice. Les peines les plus sévères doivent être prises à l’encontre de ceux qui seront reconnus coupables.” Journaliste depuis plus de 15 ans, Jagendra Singh avait travaillé pour de grands quotidiens indiens tels que Amar Ujala, Hindustan ou Swatantra Bharat, avant de s’orienter vers les réseaux sociaux. En 2014, l’Inde a continué d’enregistrer un nombre important de violations de la liberté de la presse, et notamment d’agressions physiques de journalistes. Le pays figure à la 136e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2015 par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016