Condamné à quatre ans de prison, le blogueur vietnamien Do Cong Duong risque une peine encore plus lourde

Une peine de quatre ans de prison a été ordonnée en début de semaine contre le journaliste citoyen Do Cong Duong pour avoir documenté une expulsion. Il doit être bientôt traduit devant une nouvelle cour pour “abus de ses libertés démocratiques”. Reporters sans frontières (RSF) appelle les partenaires commerciaux du Vietnam à faire pression sur Hanoï pour ne pas cautionner une atteinte flagrante au droit d’informer.


A peine condamné à quatre ans de détention, il risque sept ans supplémentaires dans les prochains jours... Le journaliste citoyen Do Cong Duong a écopé lundi 17 septembre d’une sentence de 48 mois d’emprisonnement pour “trouble à l’ordre public” - la peine maximale pour ce chef d’accusation -, et ce à l’issue d’une parodie de procès tenue dans un tribunal provincial de Bac Ninh, dans le nord du Vietnam.


Il avait été arrêté le 24 janvier dernier, alors qu’il tentait de filmer une expropriation forcée dans la ville de Tu Son. Le calvaire de Do Cong Duong ne s’arrête pas là : il est par ailleurs poursuivi pour “abus de ses libertés démocratiques”, une accusation ubuesque qui, en vertu de l’article 331 du Code pénal vietnamien, prévoit une peine de sept ans de détention. Son procès est prévu en octobre.


“La direction du Parti communiste vietnamien doit mettre un terme à l’implacable acharnement dont elle fait preuve à l’égard des journalistes citoyens, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. En documentant les violations dont est victime une large part de la population vietnamienne, blogueurs et médias indépendants permettent à la société civile de faire entendre leur voix face à un régime qui se calcifie toujours plus. S’ils ne veulent pas se déshonorer, les partenaires commerciaux du Vietnam doivent faire pression sur les autorités actuelles pour faire avancer le dossier de la liberté d’informer. Ils en ont le pouvoir et la responsabilité.”


Après l’adoption d’une motion d’urgence du Parlement européen soutenue par RSF en décembre dernier, 32 eurodéputés ont interpellé en début de semaine Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, ainsi qu’à la commissaire au Commerce Cecilia Malmström. Dans une lettre conjointe, ils leur demandent de conditionner la ratification du Traité de libre-échange avec le Vietnam à une série de mesures à prendre contre les violations de la liberté d’informer, et conformément à l’article 3 du Traité de Lisbonne.


Le Vietnam stagne dans les abîmes du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2017, à la 175e place sur 180 pays.

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Updated on 21.09.2018