Chine: trois journalistes condamnés à de la prison ferme

Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate de Sun Lin, Zhen Jianghua et Ding Lingjie, trois journalistes que les autorités chinoises ont discrètement condamné en fin d’année dernière à des peines allant de 20 mois à quatre ans de prison ferme.

Le 25 décembre 2018, le tribunal populaire intermédiaire de Nanjing a condamné Sun Lin, un ancien collaborateur du site d'information américain en langue chinoise Boxun, à une peine de quatre ans d'emprisonnement pour « subversion du pouvoir de l'État ». Détenu depuis plus de deux ans, Sun n'est pas comparu devant le tribunal en raison de son « instabilité émotionnelle », ont indiqué les autorités.


Le 28 décembre, le journaliste-citoyen et défenseur de l’information libre Zhen Jianghua, directeur exécutif du site d’information Human Rights Campaign in China, a aussi été jugé à huis clos et condamné à deux ans de prison par le tribunal de Zhuhai (Guangdong), sous le même chef d'accusation. Arrêté en septembre 2017, Zhen était resté coupé du monde plus de six mois, détenu dans une “prison noire” sous le régime de « résidence surveillée dans un lieu désigné » (RSDL).


Le même jour, Ding Lingjie, collaboratrice du site d’information sur les droits humains Minsheng Guancha (Civic Rights and Livelihood Watch), a été condamnée à 20 mois de prison par le tribunal du district de Shijingshan (Pékin) pour avoir partagé sur les réseaux sociaux une vidéo satirique du président Xi Jinping après plus d’un an de détention provisoire.


« Cela devient une déplorable habitude : les autorités chinoises condamnent des défenseurs de l’information durant la “trêve des confiseurs”, espérant limiter l’attention de la presse et de l’opinion publique internationale » , dénonce Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de reporters sans frontières (RSF), qui appelle la communauté internationale « à accroître sa pression sur la Chine pour qu’elle libère tous les journalistes détenus dans ses geôles. »


Le 26 décembre 2017, le blogueur anti-corruption Wu Gan avait ainsi été condamné à huit ans de prison pour « subversion du pouvoir de l'État ». Le lauréat du prix RSF Liu Xiaobo, qui reçut plus tard le prix Nobel de la paix et qui est mort en 2017 suite à des défauts de soin en détention, avait également été condamné à 11 ans de prison le 25 décembre 2009.


La Chine est la plus grande prison du monde pour les journalistes, avec plus de 60 d’entre eux derrière les barreaux. Dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 publié par RSF, le pays stagne au 176e rang sur 180.

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Mise à jour le 17.01.2019