Chine: RSF demande la libération immédiate de 5 journalistes citoyens arrêtés en marge du G20
En marge du Sommet du groupe des 20 (G20) qui s’est tenu à Hangzhou (sud-est de la Chine) les 4-5 septembre 2016, cinq journalistes citoyennes et contributrices de la plateforme d’information 64Tianwang ont été enlevées par la police chinoise, laissant leur proches sans nouvelles. Reporters sans frontières (RSF) demande leur libération immédiate et l’abandon de toute charge à leur encontre.
Alors que les vingt chefs d’Etats se réunissaient à Hangzhou, les autorités chinoises ont procédé à plusieurs vagues d’arrestation de dissidents et d’activistes des droits de l’homme. Et de journalistes-citoyens, dont cinq reporters du site d’information 64Tianwang, enlevés après avoir couvert directement et indirectement le sommet. D’autres journalistes, tels que Li Zhaoxiu et le fondateur du site 64Tianwang, Huang Qi, ont été “forcés de partir en vacances”, une expression désormais employée pour désigner les méthodes variées de restrictions de mouvement (détention arbitraire, “exil temporaire”, assignation à résidence, etc.) imposées par les autorités.
La journaliste citoyenne Yang Xiuqiong, qui a témoigné de la détention d’une dizaine de pétitionnaires dans un train le 2 septembre au soir, est actuellement portée disparue par ses proches et ses collègues. Elle avait également commenté ces détention pour le site de Radio Free Asia. La journaliste citoyenne Lin Xiurong, qui a rapporté que le stade de Hangzhou avait été transformé en lieu de détention pour des pétitionnaires, Yuan Ying, qui s’est rendue à Pékin où elle a observé le rassemblement de près de 2000 pétitionnaires devant le Comité central pour l'Inspection disciplinaire du Parti communiste chinois, Jiang Chenfen, qui a témoigné des restrictions de mouvement à son encontre, et He Yazhen, ont également été enlevés par les autorités.
“Nous exigeons que les autorités relâchent ces journalistes citoyens qui n’ont fait que témoigner de situations dont ils ont été des observateurs de premier plan, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous exigeons également des autorités qu’elles renoncent à toute inculpation à l’encontre des cinq journalistes.”
“Nous attirons à nouveau l’attention des chefs d’Etats venus à Hangzhou sur ces courageux journalistes citoyens qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour informer le monde des combats quotidiens de la population chinoise pour faire valoir ses droits et ses libertés fondamentales. Chaque fois qu’un événement international se tient en Chine, que ce soit les Jeux olympiques, la Conférence mondiale d’Internet à Wuzhen ou encore le G20, des milliers de personnes voient leurs droits bafoués et des dizaines de journalistes citoyens, blogueurs et cyber-activistes sont arrêtés. Ce blackout systématique de l’information organisé par Pékin doit cesser,” ajoute Benjamin Ismaïl.
Contacté par Reporters sans frontières, Huang Qi a affirmé qu’il craignait pour ses collaborateurs, notamment parce qu’“en dix-huit ans d’activité, aucun journaliste de 64Tianwang n’a accepté de signer des aveux rédigés par les autorités”. En Chine,les détenus qui refusent de signer des aveux sont généralement plus sévèrement punis. A l’occasion du sommet du G20, RSF a appellé tous les chefs d’Etat à sortir de leur silence sur le recul de la justice en Chine, qui recourt de plus en plus aux aveux forcés afin de justifier l’emprisonnement des acteurs de l’information et de toutes les voix critiques à l’encontre de Xi Jinping et du Parti communiste chinois (PCC).
Le 24 juin 2015, une autre contributrice de 64Tianwang, Yang Dongying, avait été arrêtée par les autorités chinoises du Zhejiang. RSF avait alors dénoncé la répression systématique des autorités à l’encontre des journalistes-citoyens travaillant pour la plateforme d’information dirigée par le cyberdissident Huang Qi. Le site 64Tianwang, jugé subversif par le gouvernement notamment pour ses écrits sur les violations des droits humains par les autorités, avait déjà fait l’objet d’une série de cyber-attaques en septembre 2014. Huang Qi, lauréat du prix cyberliberté décerné par RSF en 2004, a quant à lui été condamné à purger des peines d’emprisonnement à plusieurs reprises pour la diffusion d’articles concernant les événements de la place Tian’anmen, ou encore pour «possession de secrets d’Etat» suite au tremblement de terre dans le Sichuan en 2008.
La Chine, plus grande prison du monde pour les journalistes et les blogueurs, avec plus de cent d’entre eux derrière les barreaux, occupe la 176e place sur 180 pays dans le Classement annuel de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières.