Chine: RSF condamne l’arrestation en direct d’une source de Voice of America

Reporters sans frontières (RSF) exige la libération du professeur Sun Wenguang, arrêté mercredi alors qu’il participait à une interview téléphonique en direct sur Voice of America, et dénonce les pressions grandissantes de Pékin sur les sources des journalistes.

Le professeur Sun Wenguang, 84 ans, a été arrêté chez lui dans la ville de Jinan (Shandong, nord), mercredi 1er août 2018, en plein milieu d’une interview téléphonique diffusée en direct sur la chaîne Voice of America (VOA) en mandarin. Cette chaîne d’information en continu est très prisée de la communauté chinoise à l’étranger : son compte Youtube, censuré en Chine, enregistre néanmoins près de 700,000 abonnés, soit plus du triple de la version en anglais.


Retraité de l’université du Shandong, où il a enseigné la physique et l’économie jusqu’en 1994, le professeur Sun est connu pour ses interventions publiques virulentes contre la censure et la propagande. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et demande à Pékin de cesser d’entraver la liberté d’expression et la liberté de la presse, qui sont inscrites en toutes lettres dans la Constitution de la République populaire de Chine.


Un message glaçant à la diaspora chinoise


“Cette arrestation en direct est un message glaçant lancé par Pékin à son peuple et à la diaspora chinoise, qui montre que le régime est prêt à tout pour faire taire les voix indépendantes, s’indigne Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF, qui rappelle que la pression sur les sources des journalistes “est une nouvelle stratégie du pouvoir chinois pour contrôler son image à l’étranger”.


Dans son dernier rapport, publié en février, le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) dénonçait l’acharnement déployé par le régime du président Xi Jinping pour empêcher la presse étrangère de faire son travail, et notamment les pressions sur les sources qui sont fréquemment intimidées, brutalisées ou emprisonnées.


Rescapé des camp d’internement sous la Révolution culturelle, le professeur Sun a purgé quatre ans de prison entre 1978 et 1982 pour avoir critiqué le président Mao. C’est aussi un des signataires de la “Charte 08” lancée par le prix Nobel de la paix et prix RSF chinois Liu Xiaobo, mort en détention l’an dernier, qui appelait à des réformes démocratiques en Chine parmi lesquelles la liberté de la presse.


La Chine reste l’une des plus grandes prisons du monde avec plus de 50 journalistes professionnels et non-professionnels derrière les barreaux. Dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 publié par RSF, la Chine stagne au 176e rang sur 180.

Publié le
Updated on 03.08.2018