Birmanie : trois journalistes incarcérés pour un reportage auprès d’un groupe armé

Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’inculpation de trois journalistes birmans, arrêtés il y a peu alors qu’ils effectuaient un reportage auprès d’un groupe armé. L’organisation demande aux autorités locales d’abandonner immédiatement toute charge retenue contre eux et de libérer les trois reporters.

Trois journalistes birmans, Aye Nai et Pyae Phone Naing, de l’agence de presse Democratic Voice of Burma et Thein Zaw, reporter pour The Irrawaddy, ont été inculpés et incarcérés à la prison de Hsipaw mercredi 28 juin en vertu de la “loi sur les associations illégales”. Les autorités leur reprochent d’avoir rencontré un groupe armé rebelle, l’Armée nationale ta’ang de libération (TNLA), lors d’un reportage réalisé dans le cadre de la journée mondiale contre le narcotrafic de l’ONU. Le procès des journalistes doit commencer le 10 juillet prochain.


La "loi sur les associations illégales", qui a été largement utilisée pendant près d’un demi-siècle par la junte militaire birmane au pouvoir pour réduire au silence les voix dissidentes, rend passible de trois ans de prison le simple fait d'entrer en contact avec un groupe rebelle.


“Les promesses d’Aung San Suu Kyi en matière de liberté d’expression ne doivent pas rester un voeux pieux. Il est consternant de constater que la Ligue nationale pour la démocratie (LND) au pouvoir se serve des mêmes outils juridiques que la junte militaire qui l’a précédée pour censurer la presse, déplore Reporters sans frontières. Si la LND souhaite rompre avec les pratiques archaïques de l’ère militaire, le parti doit envoyer un message clair en faveur des valeurs démocratiques, et en premier lieu la liberté de la presse.”


En Birmanie, la presse est régulièrement réprimée par les autorités locales, souvent au moyen de lois utilisées spécifiquement pour faire taire les critiques. En mai 2017, l’armée birmane a déposé une plainte pour diffamation contre deux journalistes de The Voice Daily. Peu avant, en avril 2017, Myo Yan Naung Thein, activiste pour les droits de l’homme et membre de la LND, a été emprisonné et reconnu coupable de diffamation après avoir critiqué le chef des armées.


Le pays se situe à la 131ème place du Classement mondial pour la liberté de la presse 2017.

Publié le
Updated on 23.08.2019