Assassinat du journaliste Alfredo Villatoro : trois suspects reconnus coupables

Reporters sans frontières se félicite des avancées constatées dans le procès de l’assassinat du journaliste Alfredo Villatoro, présentateur et responsable de programmation de la radio HRN, retrouvé mort le 15 mai 2012 près de Tegucigalpa, six jours après avoir été enlevé à son domicile. Trois suspects avaient été appréhendés le 25 mai 2012. Leur procès s’est conclu le 25 mars 2014, 22 mois après les faits, validant les preuves apportées par le Ministère Public et reconnaissant Marvin Alonso Gómez et les frères Osman Fernando et Edgar Francisco Osorio Argujo coupables de séquestration aggravée sur la personne d’Alfredo Villatoro. L’enquête a permis de mettre à jour de multiples preuves incriminant les prévenus à travers des éléments d’identification par ADN et des appels téléphoniques passés au moment de la séquestration vers la famille de la victime, afin d’obtenir une rançon. Ces preuves ont mené le Tribunal national à déclarer les trois suspects coupables. Le verdict sera communiqué le 25 avril prochain. D'après les juges en charge de l'affaire, les prévenus sont passibles d'une peine allant de 40 ans de prison à la prison à perpétuité en vertu de l’article 192 du code pénal. “Reporters sans frontières salue cette décision de justice - dont elle attend le verdict avec impatience - et le sérieux de l’enquête menée par le Procureur spécial du crime organisé comme une volonté encourageante des autorités honduriennes de rétablir la justice. Cette affaire doit constituer un heureux précédent. Nous exhortons les autorités à s’impliquer de la même manière dans la résolution de tous les crimes contre les acteurs de l’information afin d’en terminer avec l’impunité qui demeure la norme”, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Plus de 40 journalistes honduriens ont été abattus ces dix dernières années. Parmi les cas les plus emblématiques : - Le journaliste Aníbal Barrow, enlevé en juin 2013 dans le département de Cortés, au nord du pays et retrouvé sans vie, démembré et partiellement calciné onze jours plus tard. Il était responsable de l’émission politique “Aníbal Barrow y nada más” diffusée sur Globo TV. Son enlèvement a fait l’objet d’une enquête qui n’a, à ce jour, abouti sur aucun procès malgré les engagements des autorités à ne pas laisser ce meurtre impuni. - Quatre mois plus tard, le 24 octobre 2013, le cameraman de Globo TV Manuel Murillo Varela était retrouvé assassiné, criblé de balles à Tegucigalpa. Le Honduras figure à la 129ème place dans l’édition 2014 du classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016