Accusations de fraude contre Zhao Yan du New York Times

Reporters sans frontières s'insurge contre la décision des autorités chinoises d'inculper Zhao Yan, collaborateur du quotidien américain New York Times, pour fraude. Selon l'agence de presse Reuters, l'avocat du journaliste, Mo Shaoping, a révélé que, du fait de ces nouvelles accusations, la police peut détenir son client pendant sept mois supplémentaires pour les besoins de l'enquête. Emprisonné depuis le 17 septembre 2004, Zhao Yan a été formellement placé en état d'arrestation le 20 octobre et accusé de "divulgation de secrets d'Etat", crime passible de la peine de mort. Sa famille et son avocat n'ont toujours pas été autorisés à lui rendre visite. ____________________________________________________ 22.10.2004 Zhao Yan est formellement inculpé Détenu depuis le 17 septembre 2004, Zhao Yan, un collaborateur chinois du quotidien New York Times, a été formellement placé en état d'arrestation le 20 octobre. Il est accusé de "divulgation de secrets d'Etat", crime passible de la peine de mort. Zhao Yan, qui ne peut voir ni son avocat, ni sa famille, est accusé d'avoir révélé à la rédaction qui l'emploie, avant l'annonce officielle, la retraite politique de Jiang Zemin. Le New York Times a réaffirmé que Zhao Yan était étranger aux faits qui lui sont reprochés. Selon le quotidien américain, ce dernier travaillait en tant que chercheur et non en tant que journaliste. Cette inculpation a lieu moins d'une semaine avant la visite à Pékin du Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Le mois dernier, celui-ci avait déjà évoqué le cas de Zhao Yan avec son homologue chinois, Li Zhaoxing. ___________________________________________________ 28.09.2004 La liberté d'expression mise à mal alors que le dialogue Chine - UE se poursuit Reporters sans frontières dénonce une nouvelle vague de répression menée par les autorités chinoises à l'encontre de différents sites et publications connus pour une relative liberté de ton. Le 24 septembre, l'Union européenne a poursuivi son dialogue constructif sur les droits de l'homme avec la Chine populaire. Les résultats de cette rencontre ne sont pour l'instant pas connus. Reporters sans frontières appelle les Etats membres de l'Union européenne et la Commission européenne à condamner les fermetures de publications et les arrestations de journalistes. Le gouvernement de Pékin semble se moquer ouvertement de ce dialogue soi-disant constructif. Il a continué de réduire des espaces d'expression et d'arrêter des centaines de Chinois alors même que les représentants européens étaient dans la capitale chinoise. Le 23 septembre, la version en chinois de Wikipedia, une encyclopédie en ligne fonctionnant grâce aux contributions des internautes, a été rendue inaccessible. Wikipedia regroupe de nombreux articles sur les atteintes aux droits de l'homme en Chine. Le site a déjà été bloqué à de nombreuses reprises par Pékin. Le 13 septembre, Yi Ta Hu Tu, l'un des forums de discussion les plus populaires de Chine, a été fermé par le gouvernement. Cet outil avait été créé en septembre 1999 par un étudiant de l'université de Pékin et comptait près de 300 000 utilisateurs. Des sujets de discussion sensibles, comme la corruption, les droits de l'homme ou l'indépendance de Taïwan, y étaient régulièrement abordés. Le forum fonctionnait sur un mode démocratique - les thèmes étaient choisis par un vote des utilisateurs - sans l'intervention de modérateurs. Il était alors très difficile à contrôler pour les autorités. Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises de rétablir dans les meilleurs délais le forum de discussion Yi Ta Hu Tu et le site Wikipedia, et les milliers d'autres sites interdits aux internautes chinois. Le bimensuel diplomatique Zhanlue Yu Guanli (Stratégie et Management) a été fermé en septembre par le gouvernement suite à la publication dans le numéro d'août d'un article critique à l'encontre du régime nord-coréen de l'économiste Wang Zhongwen. Les exemplaires du magazine contenant cet article ont été confisqués et les abonnés ont été priés de le renvoyer. En 2003, le magazine avait perdu son parrainage officiel malgré la présence au sein du comité éditorial de hauts responsables politiques. Depuis juin 2004, le Département de la publicité (anciennement de la propagande) tentait de fermer Zhanlue Yu Guanli, mais les responsables de la publication avaient réussi à le faire paraître en juillet et août. Selon un spécialiste de la Chine interrogé par Reporters sans frontières, Zhanlue Yu Guanli, lancé en 1993, faisait partie de la dizaine de publications chinoises qui font état des débats au sein des intellectuels réformateurs du Parti communiste. Le site du magazine, www.zlygl.com, est toujours accessible, mais l'article sur la Corée du Nord n'y figure pas. Reporters sans frontières demande au gouvernement d'autoriser de nouveau la publication de Zhanlue Yu Guanli. Le 17 septembre, des agents des services secrets ont arrêté le journaliste Zhao Yan dans un restaurant de Shanghai après l'avoir localisé grâce à son téléphone portable. Quatre jours plus tard, sa famille a reçu un avis de la police annonçant qu'il était accusé d'avoir "fourni des secrets d'Etat à des étrangers". Selon son avocat qui n'a pas été autorisé à lui rendre visite, Zhao Yan serait détenu à Pékin et pourrait être inculpé de "trahison". Il risquerait alors la peine de mort. Les autorités semblent soupçonner Zhao Yan, récemment recruté par le bureau de Pékin du quotidien américain New York Times, d'avoir fourni des informations sur le départ de l'ancien président Jiang Zemin du poste de président de la Commission centrale militaire. Le New York Times avait publié un article sur le sujet le 7 septembre, douze jours avant l'annonce officielle. Le quotidien américain a démenti que Zhao Yan ait été la source de cet article. Selon la responsable du service étranger, Susan Chira, il est employé comme chercheur et non pas comme journaliste. Elle a déclaré à Reporters sans frontières que la direction du quotidien espère que "le journaliste sera autorisé à voir son avocat". Ancien reporter du magazine La Réforme en Chine, Zhao Yan est connu pour ses reportages sur la situation des paysans en Chine populaire. Reporters sans frontières demande la libération immédiate de Zhao Yan. L'organisation rappelle qu'un autre journaliste, Wu Shishen, est détenu depuis 1992 pour avoir "divulgué illégalement des secrets d'Etat à des étrangers". Il a été condamné à la prison à vie sur ordre direct de Jiang Zemin. Il avait transmis à un journaliste de Hong Kong une copie du discours que le chef d'Etat devait prononcer devant le Congrès du Parti communiste. Enfin, la presse chinoise a passé sous silence les manifestations et les arrestations de centaines de pétitionnaires à Pékin qui souhaitaient se faire entendre des autorités réunies en septembre au sein du plénum du Comité central du Parti communiste. Des journalistes étrangers ont également été empêchés de couvrir ces événements. Dans l'impossibilité de s'exprimer librement dans les médias, des centaines, voire des milliers de Chinois sont venus de toutes les provinces du pays pour présenter leurs griefs. Le 24 septembre, un pétitionnaire originaire de la province du Xinjiang (Ouest) a été tué dans des circonstances mystérieuses à Pékin. Il était venu dans la capitale se plaindre des abus des autorités à l'encontre des Ouïghours, ethnie musulmane réprimée par le Parti communiste.
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Updated on 20.01.2016