Accès à l’information dans les pays baltes : RSF demande aux autorités de remédier à une faille qui affaiblit la liberté de la presse

Malgré leur rang élevé au Classement mondial de la liberté de la presse, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie souffrent de sérieuses lacunes en matière de liberté d’information. Reporters sans frontières (RSF) s’est associée à une étude inédite menée par Balticada Investigations Studio qui les analyse et formule des recommandations précises, telles celles de clarifier les obligations des détenteurs de données publiques et de simplifier les procédures d’appel.

LISEZ LE RAPPORT INTÉGRAL ICI

Les données privées, les secrets d’affaires et la sécurité nationale sont toutes des raisons légitimes de refuser l’accès à certaines informations. Mais elles sont aussi utilisées de manière abusive comme prétextes pour entraver les requêtes déposées au nom de la liberté d’information par les journalistes des pays baltes.

En amont de la Journée mondiale de la fonction publique le 23 juin, Balticada Investigations Studio publie, avec le soutien de RSF, une étude sans précédent qui adresse des recommandations à l’Estonie, à la Lettonie et à la Lituanie, se basant sur une analyse comparative inédite de quinze litiges portant sur des restrictions d’accès entre journalistes et fonctionnaires. Soutenue par RSF, l’étude Disputes over access a été menée par Balticada Investigations Studio et rédigée par des experts des médias, parmi lesquels Dionizas Litvaitis, conseiller de RSF pour les pays baltes, et Anastasija Tetarenko-Supe, correspondante de l’organisation en Lettonie.

“Alors que les pays baltes font partie des pays bénéficiant du plus haut niveau de liberté de la presse au monde, l’accès à l’information est un de leurs points faibles. RSF exhorte les autorités estoniennes, lettones et lituaniennes à remédier à ce problème en instaurant un débat public suivant les recommandations régionales et nationales fournies par le rapport.

Erik Halkjaer
Vice président de RSF Suède et membre du comité de pilotage de l’étude

L’un des constats majeurs de l’étude est que la mauvaise interprétation des raisons légitimes de restrictions par les détenteurs de données y compris les institutions et les entreprises publiques est liée à des facteurs tels que la prise de décision informelle et le manque de confiance envers les intentions des journalistes.

L’étude démontre également que les journalistes renoncent à contester ces interdictions à cause d’un manque de ressources et de compétence, ainsi que de la résistance des fonctionnaires. Par conséquent, seul un nombre réduit de reporters expérimentés et déterminés des pays baltes remettent en question cette confidentialité et défendent l’intérêt général. Cependant, la tendance la plus inquiétante est que, dans la plupart des cas analysés, la communauté journalistique s’est vu refuser un débat public en bonne et due forme au sujet des limites de la liberté d’information. Les différends portant sur des restrictions d’accès n’ont abouti à aucune amélioration

“Notre étude est la toute première à avoir mené une recherche empirique sur le refus d’exercer la liberté d’information dans les trois pays baltes. Les restrictions pluridimensionnelles demandent une stratégie de réponse à plusieurs niveaux. L’objectif est de renforcer la position des journalistes qui garantissent le droit des citoyens à l’information.

Dionizas Litvaitis
Directeur de Balticada Investigations Studio et co-auteur de l’étude

L’une des principales recommandations adressées aux trois pays est de clarifier les devoirs des différents types d’organismes tenus de fournir des informations publiques : les entreprises dont l'État est propriétaire en totalité ou en partie, les fondations privées financées par l’État et les agences indépendantes. À l’échelle nationale, le rapport propose à la Lettonie et à la Lituanie de suivre l’exemple de l’Estonie et de mettre en place des procédures d’appel spécifiques aux problèmes soulevés par la liberté d’information.

La Lituanie, l’Estonie et la Lettonie figurent respectivement aux 7ème, 8ème et 16ème rangs sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2023 établi par RSF.

Image
13/ 180
Score : 81,73
Image
6/ 180
Score : 86,44
Image
12/ 180
Score : 82,9
Publié le

Related document