3 avril 2000 - 3 avril 2006: six ans après l'assassinat de Jean Dominique, Reporters sans frontières appelle le président René Préval à rouvrir le dossier
Six ans ont passé depuis l'assassinat de Jean Dominique, directeur et analyste de la radio Haïti Inter, abattu le 3 avril 2000 dans l'enceinte de la station à Port-au-Prince. Reporters sans frontières en appelle au président René Préval, qui prendra ses fonctions le 14 mai, pour que justice soit rendue à un homme qui lui fut proche.
Six ans après son assassinat, le 3 avril 2000 à Port-au-Prince , Reporters sans frontières s'associe à l'hommage rendu à Jean Dominique, directeur de la radio Haïti Inter. L'organisation attend du président élu René Préval, qui prendra ses fonctions le 14 mai, l'engagement solennel de rouvrir ce dossier.
“Le scandale provoqué par la conduite du dossier Jean Dominique pendant six ans est d'autant plus grand que les assassins présumés du journaliste étaient connus. Pourtant, aucun d'entre eux n'a été inquiété et trois tueurs présumés sont actuellement en fuite. L'affaire a révélé l'ampleur de la réforme du système policier et judiciaire que devra conduire le gouvernement issu du second tour des élections législatives du 21 avril. En attendant, et compte tenu des liens personnels qui l'unissaient à la victime, nous demandons solennellement au président René Préval de prendre l'engagement de rouvrir le dossier. Il y va de la victoire de la justice sur l'impunité”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 3 avril 2000, Jean Dominique, directeur et analyste politique de Haïti Inter et Jean-Claude Louissaint, réceptionniste de la radio, étaient abattus dans l'enceinte de la station. L'enquête, conclue le 21 mars 2003, avait abouti à l'inculpation et à l'incarcération de six individus : Dymsley Milien dit “Ti Lou”, Jeudi Jean-Daniel dit “Guimy”, Philippe Markington, Ralph Léger, Freud Junior Demarattes et Ralph Joseph. Les trois derniers ont été relaxés en appel le 4 août 2003.
Le 14 mars 2004, Harold Sévère, ancien maire adjoint de Port-au-Prince et Ostide Pétion alias “Douze”, ont été arrêtés comme commanditaires présumés de l'assassinat. Le 10 mai suivant, Annette Auguste, interpellée dans une autre affaire, avait été également mise en cause. Aucune de ces trois personnes n'a pourtant été soumise au moindre interrogatoire. Les déclarations du tueur présumé “Ti Lou”, qui aurait reçu la somme de 10 000 dollars pour exécuter Jean Dominique, n'ont jamais fait l'objet de la moindre vérification. Enfin, la mort suspecte de deux témoins n'a jamais été éclaircie.
En février 2005, “Ti Lou”, “Guimy” et Philippe Markington ont profité d'une mutinerie pour s'évader de prison. En fuite en Argentine, Philippe Markington avait contacté Reporters sans frontières pour protester de son innocence. En septembre 2005, une délégation de l'organisation en visite à Port-au-Prince avait appris de plusieurs proches du dossier Jean Dominique que “Ti Lou” et “Guimy” se trouvaient dans la localité de Martissant, près de la capitale haïtienne, où ils dirigeaient un gang, en toute impunité.
Le 29 juin 2004, à la suite d'une première mission d'enquête de Reporters sans frontières, la Cour de cassation avait ordonné la réouverture du dossier. Il aura pourtant fallu près d'un an pour que soit désigné un nouveau juge d'instruction, le 3 avril 2005 - soit cinq ans jour pour jour après les faits -, sans que ce dernier puisse avoir accès au dossier et dispose des moyens nécessaires à son enquête. L'instruction est restée en souffrance depuis un an.