A l'occasion du 13e anniversaire de l'indépendance de l'Erythrée, le 24 mai 2006, Reporters sans frontières appelle solennellement le président Issaias Afeworki (photo) à libérer les prisonniers d'opinion détenus dans le pays, notamment les 13 journalistes dont on est sans nouvelles depuis les rafles de septembre 2001.
A l'occasion du 13e anniversaire de l'indépendance de l'Erythrée, le 24 mai 2006, Reporters sans frontières appelle solennellement le président Issaias Afeworki à libérer les prisonniers d'opinion détenus dans le pays, notamment les 13 journalistes dont on est sans nouvelles et dont les journaux ont disparu depuis les rafles de septembre 2001.
“Une fois de plus, la fête de l'indépendance est gâchée par l'incertitude entourant le sort des prisonniers politiques. Le président Issaias Afeworki doit enfin comprendre que l'étranglement continu de la presse libre est désastreux pour son pays. Rien ne justifie de gouverner par la répression et la peur. Il est temps que le chef de l'Etat laisse enfin respirer son pays, en libérant notamment les 13 journalistes et en autorisant le retour de la presse privée”, a déclaré Reporters sans frontières.
A peine sortie de la guerre d'indépendance, l'Erythrée s'est enfoncée dans l'impasse de l'autoritarisme. La situation des droits de l'homme dans ce pays est désastreuse et la liberté de la presse n'existe plus. L'élite intellectuelle de ce jeune pays, directeurs de journaux et écrivains, a été jetée en prison il y a cinq ans. Ceux qui en ont le courage fuient le pays pour lequel ils ont souvent combattu. Les autres vivent dans la terreur ou dans les centres de détention disséminés sur le territoire érythréen.
En 2001, alors que la deuxième guerre avec l'Ethiopie arrivait à son terme, la presse indépendante avait relayé les appels à la démocratisation du pays de quinze hauts responsables du parti au pouvoir, connus sous le nom de “groupe des 15”. En guise de réponse, le 18 septembre 2001, le gouvernement érythréen avait décidé de rafler le “groupe des 15” et de “suspendre” tous les médias privés du pays. En avril 2002, après avoir entamé une grève de la faim en signe de protestation, dix journalistes détenus avaient été transférés dans des lieux de détention inconnus. Selon des Erythréens en exil qui ont connu la prison, ils seraient détenus dans des containers en métal installés dans l'enceinte de camps militaires. Depuis quatre ans, on ignore tout de leur sort.
Ces journalistes sont Yusuf Mohamed Ali, rédacteur en chef de Tsigenay ; Mattewos Habteab, rédacteur en chef de Meqaleh, et son adjoint, Dawit Habtemichael ; Medhanie Haile et Temesgen Gebreyesus, respectivement rédacteur en chef adjoint et membre du conseil d'administration de Keste Debena ; Emanuel Asrat, rédacteur en chef de Zemen ; le citoyen érythréo-suédois Dawit Isaac et le poète et dramaturge Fessehaye Yohannes, du journal Setit ; Said Abdulkader, rédacteur en chef du journal Admas, et un photographe indépendant, Seyoum Tsehaye. En janvier et février 2002, trois journalistes de la presse gouvernementale ont été arrêtés : Hamid Mohamed Said et Saidia Ahmed, de la télévision publique Eri-TV, et Saleh Al Jezaeeri, de la radio publique Voice of the Broad Masses.