Dans une guerre officielle qui déchire le pays depuis plus de quatre mois, avec un bilan qui dépasse les 4000 morts, les journalistes sont pris pour cibles et sont victimes de menaces, d’enlèvements et parfois d’assassinats. La plupart des exactions à l’encontre des journalistes sont commises par les houthis. A ce jour, au moins 11 journalistes et net-citoyens demeurent entre les mains de ce groupe rebelle.
Dans une guerre qui déchire le pays depuis plus de quatre mois, avec un bilan qui dépasse 4000 morts, les journalistes sont pris pour cibles. La plupart des exactions à l’encontre des journalistes sont commises par les Houthis. A ce jour, au moins 11 journalistes et net-citoyens demeurent entre les mains de ce groupe rebelle.
Reporters sans frontières (RSF) dénombre à ce jour au moins 11 journalistes
détenus par des rebelles houthis. Parmi eux,
neuf ont été enlevés au même moment, le 9 juin dernier, alors qu’ils se trouvaient dans un hôtel de Sanaa attaqué par les Houthis. La plupart d’entre eux travaillent pour un média proche du parti rival sunnite Al-Islah, affilié au mouvement des Frères musulmans. Le sort ainsi que le lieu de détention des 11 demeurent inconnus.
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Les exactions contre les journalistes par toutes les parties du conflit au Yémen se sont multipliées depuis la progression des Houthis vers la capitale, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient et Maghreb de RSF.
L’enlèvement systématique de journalistes critiques des Houthis montre bien la volonté de ce groupe rebelle d’asseoir son pouvoir et de réduire au silence toute opposition. Les forces de la coalition, les rebelles houthis ou encore les membres d’Al Qaeda sont des parties au conflit qui devront répondre de leurs actes envers les journalistes. Ces actes constituent des infractions aux Conventions de Genève et des crimes de guerre.”
L’avancée fulgurante des Houthis sur la capitale et la prise de cette dernière en septembre 2014 s’est traduite par une multiplication des violations commises à l’encontre des acteurs de l’information. Nombreux sont les journalistes qui ont reçu des menaces, ont été enlevés puis relâchés, ont vu leur média saccagé ou pillonné puis fermé, et leur matériel confisqué par les rebelles houthis. Dans une société divisée entre pro et anti-Houthis, les reporters critiques du groupe zaïdite des Houthis ou ceux qui couvrent des évènements ou manifestations anti-Houthis sont harcelés par ces derniers. Nombreux sont ces journalistes qui ont choisi de
fuir la capitale ou le pays.
Les rebelles houthis ne sont pas les seuls prédateurs de l’information. En mai 2015, les bombardements de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite avaient visé un bâtiment où se trouvaient
deux journalistes yéménites retenus en otage par les Houthis -
Abdallah Qabel, correspondant de
Yemen Youth TV et la chaîne
Belqees TV, et
Youssef Al-Aizari correspondant de la chaîne
Suhail TV - les tuant sur le coup. En avril dernier, un raid aérien avait
tué Mohamed Rajah Chamsane, journaliste de la chaîne
Al-Yemen Al-Youm TV ainsi que trois autres employés de la chaîne.
Au moins sept journalistes ont été tués au Yémen depuis le début de l’année 2015, dont quatre en lien avec l’exercice de leurs fonctions, en plus de trois autres collaborateurs de médias. RSF est extrêmement préoccupée par la détérioration de la sécurité des journalistes, et l’impact de cette détérioration sur le fonctionnement des médias au Yémen. Déjà, dans un pays privé la plupart du temps d’électrictié et d’Internet, l’information est difficile d’accès. Les Yéménites ont en outre les plus grandes difficultés à communiquer sur la situation du pays, de même que les journalistes étrangers encore présents sur place.
Le Yémen figure à la 168e place (sur 180) du
Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.