“Voilà mon histoire” : Reporters sans frontières publie le témoignage du blogueur Omidreza Mirsayafi avant son décès
Organisation :
Informations personnelles :
Prénom : Omid-Rezâ
Nom : Mirsiyâfi
Age : 28 ans
Date de naissance : 1er août 1980
Profession : Journaliste indépendant
Expérience professionnelle : Journal : Javân (2005-2006) - Journal : Âyande-ye now (2007) - Radio en Suède : Hamsedâ (2004-2006) - Radio : Zamâne (2007) - Site internet dédié à l'art et à la musique (2004-2007)
J'ai créé mon weblog en même temps que j'ai commencé mes activités journalistiques, en 2003. Ce blog était surtout à vocation artistique et culturelle, mais incluait parfois des articles satiriques. A partir de 2006, je me suis également engagé dans des activités culturelles. Par le passé, je m'étais consacré à des recherches sur la musique traditionnelle et la littérature classique iraniennes, sans jamais songer à m'engager politiquement. Une seule fois, en 2001, j'ai participé à une manifestation à Téhéran, à la suite de laquelle j'ai été arrêté et détenu durant 20 jours à la prison d'Evin. A l'issue de cette détention, j'ai été relaxé par le tribunal.
Le 22 avril 2008, quatre agents de sécurité du parquet de la révolution de Téhéran sont venus m'arrêter à mon domicile et m'ont conduit, avec mes affaires (ordinateur, manuscrites, documents personnels, archives de musique etc.), à la prison d'Evin, sans m'informer des motifs de mon arrestation. Le lendemain, ils m'ont amené, menottes aux poignets, devant le tribunal de la révolution. J'étais accusé d'actions contre la sécurité du pays en raison de la publication d'articles sur mon blog. On m'a accusé d'avoir proféré des insultes à l'encontre des dirigeants de la République islamique et des saints de l'islam. Le juge d'instruction m'a placé en détention provisoire. Au cours de mon séjour dans la prison d'Evin, j'ai subi vingt interrogatoires relatifs à ces accusations, sans avoir la possibilité de consulter un avocat. Soumis à une pression psychologique considérable, j'ai fini par confirmer les principaux faits qui m'étaient reprochés, à savoir : tentative de renverser le régime en collaboration avec les groupes opposés à la République islamique ; publication sur mon blog de propos insultants contre la religion et les saints de l'islam et contre les dirigeants et dignitaires du régime ; relations avec des opposants au régime à l'étranger. Après 41 jours de détention, j'ai été libéré moyennant une caution d'un montant équivalant à 100 000 dollars. Le dernier jour de ma détention, j'ai été contraint de répéter ces aveux devant une caméra. Cette pratique, désormais courante, est destinée à faire peser sur les prévenus la menace d'une diffusion de leurs aveux à la télévision d'Etat en cas de nécessité. Le 2 novembre, j'ai été jugé par la 15eme chambre du tribunal de la révolution et j'ai été condamné à deux ans et demi de prison pour avoir proféré des insultes à l'encontre de dirigeants et de dignitaires du régime et propagande contre le régime. Ce jugement m'a été communiqué le 16 décembre.
Le 2 février 2009, au tribunal, mon avocat, Monsieur Dâdkhâh, s'est aperçu que le juge avait transmis mon dossier au bureau d'application des peines sans qu'il ne soit informé du jugement pour éventuellement le contester.
C'est à l'occasion d'une sortie temporaire de prison que j'ai pu prendre contact avec l'avocat qui s'occupe actuellement de mon dossier, Monsieur Mohammad-Ali Dâdkhâh. L'audience du 2 novembre 2008 dans la 15eme chambre du tribunal de la révolution, a eu lieu en l'absence du substitut du procureur. Elle a duré 45 minutes. Les experts mandatés par le tribunal de la révolution de Téhéran ont estimé que le blog ne recevait pas un nombre suffisant de visiteurs pour être considéré comme une publication ou oeuvre de propagande contre le régime et, surtout, que mes actions n'étaient pas malintentionnées. En dépit de cela, le 6 décembre 2008, le juge m'a condamné à trente mois de prison pour avoir publié des articles hostiles au régime, proféré des insultes à l'encontre du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeiny, et du Guide suprême actuel, l'ayatollah Khamenei. De plus, le dossier concernant les insultes aux Saints de l'islam demeure ouvert. Le jugement du tribunal a été rendu le 26 décembre mais, au mépris de la loi, le tribunal n'a toujours pas, à ce jour, communiqué ce jugement à mon avocat.
Le tribunal m'a contacté le 10 janvier afin de m'informer que le délai de 21 jours imparti pour présenter ma défense et demander une révision du jugement était écoulé, ce à quoi j'ai répondu que l'avocat n'avait pas reçu notification du jugement et n'avait donc pas pu présenter de défense au tribunal. Comme me l'a indiqué Monsieur Dâdkhâh, redoutant le risque très probable selon lequel le jugement prononcé en premiere instance serait réexaminé en appel, le tribunal s'est abstenu volontairement de communiquer le jugement à l'avocat chargé du dossier. Il souhaitait faire exécuter ma condamnation au plus vite. Voilà mon histoire.
Publié le
Updated on
25.01.2016