Visite en France de Blaise Compaoré : Reporters sans frontières et ACAT-France demandent à Jacques Chirac d'évoquer l'affaire Zongo
Organisation :
Monsieur Jacques Chirac
Président de la République
55, rue du Faubourg St Honoré
75008 Paris
Paris, le 31 mai 2006
Monsieur le Président de la République,
Le 2 juin 2006, vous allez rencontrer M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, à Paris. Nous souhaiterions que vous évoquiez, à cette occasion, l'affaire Norbert Zongo, journaliste burkinabé assassiné en décembre 1998. En effet, bien qu'il y ait eu une certaine amélioration de la liberté de la presse au Burkina Faso, l'impunité des crimes passés demeure, et notamment celui du journaliste Norbert Zongo, directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, en compagnie de trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998. Une commission d'enquête indépendante avait à l'époque conclu que le journaliste avait été assassiné du fait de ses investigations concernant la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence et frère du chef de l'Etat. Le rapport donnait également le nom de six suspects dans cette affaire, tous membres du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP). Huit ans après les faits, l'assassinat du journaliste Norbert Zongo n'a jamais été élucidé, aucun suspect n'a été appréhendé et aucun procès n'est prévu. François Compaoré, visiblement impliqué dans cette affaire, n'a été entendu qu'une seule fois par le juge, en janvier 2001. Seul Marcel Kafando, ancien sergent de la garde présidentielle, a été inculpé « d'assassinat » et « d'incendie volontaire » par le procureur général Abdoulaye Barry. Mais il n'a pas été arrêté et vit chez lui à Ouagadougou. Selon le juge d'instruction chargé de l'affaire, Wenceslas Ilboudo, les principaux témoins de l'affaire refusent de parler par peur de représailles. Cette affaire continue toutefois d'occuper le devant de la scène et Norbert Zongo reste encore dans les esprits de tous les Burkinabés. Face à l'absence de réactions des autorités du Burkina Faso, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France) et Reporters sans frontières vous demandent d'exhorter M. Blaise Compaoré à prendre toutes les mesures nécessaires :
- pour que les auteurs et les responsables de ce crime odieux soient identifiés, poursuivis et jugés ;
- pour que les témoins de cet assassinat soient encouragés à parler au juge d'instruction en toute liberté et en toute sécurité.
En espérant que vous ferez part de nos préoccupations au président du Burkina Faso, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre haute considération.
Jean-Etienne de Linares
Délégué général de l'ACAT-France
Robert Ménard
Secrétaire général de Reporters sans frontières
Président de la République
55, rue du Faubourg St Honoré
75008 Paris
Paris, le 31 mai 2006
Monsieur le Président de la République,
Le 2 juin 2006, vous allez rencontrer M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, à Paris. Nous souhaiterions que vous évoquiez, à cette occasion, l'affaire Norbert Zongo, journaliste burkinabé assassiné en décembre 1998. En effet, bien qu'il y ait eu une certaine amélioration de la liberté de la presse au Burkina Faso, l'impunité des crimes passés demeure, et notamment celui du journaliste Norbert Zongo, directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, en compagnie de trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998. Une commission d'enquête indépendante avait à l'époque conclu que le journaliste avait été assassiné du fait de ses investigations concernant la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence et frère du chef de l'Etat. Le rapport donnait également le nom de six suspects dans cette affaire, tous membres du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP). Huit ans après les faits, l'assassinat du journaliste Norbert Zongo n'a jamais été élucidé, aucun suspect n'a été appréhendé et aucun procès n'est prévu. François Compaoré, visiblement impliqué dans cette affaire, n'a été entendu qu'une seule fois par le juge, en janvier 2001. Seul Marcel Kafando, ancien sergent de la garde présidentielle, a été inculpé « d'assassinat » et « d'incendie volontaire » par le procureur général Abdoulaye Barry. Mais il n'a pas été arrêté et vit chez lui à Ouagadougou. Selon le juge d'instruction chargé de l'affaire, Wenceslas Ilboudo, les principaux témoins de l'affaire refusent de parler par peur de représailles. Cette affaire continue toutefois d'occuper le devant de la scène et Norbert Zongo reste encore dans les esprits de tous les Burkinabés. Face à l'absence de réactions des autorités du Burkina Faso, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France) et Reporters sans frontières vous demandent d'exhorter M. Blaise Compaoré à prendre toutes les mesures nécessaires :
- pour que les auteurs et les responsables de ce crime odieux soient identifiés, poursuivis et jugés ;
- pour que les témoins de cet assassinat soient encouragés à parler au juge d'instruction en toute liberté et en toute sécurité.
En espérant que vous ferez part de nos préoccupations au président du Burkina Faso, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre haute considération.
Jean-Etienne de Linares
Délégué général de l'ACAT-France
Robert Ménard
Secrétaire général de Reporters sans frontières
Publié le
Updated on
20.01.2016