Visite du président Ilham Aliev en France : Reporters sans frontières rappelle que les médias azerbaïdjanais sont régulièrement harcelés par les forces de l'ordre

« Monsieur Aliev, nous tenons à vous rappeler que, depuis votre réélection en octobre 2003, les actes de violence contre les journalistes n'ont cessé de se multiplier dans votre pays. Les voix les plus dissidentes s'éteignent peu à peu et les enquêtes sur des assassinats de journalistes piétinent, laissant s'installer un climat d'impunité. Vous n'avez donné aucune garantie aux journalistes indépendants en refusant d'ouvrir des informations judiciaires contre leurs agresseurs. Aujourd'hui, leur sécurité n'est plus garantie », a déclaré Reporters sans frontières au chef de l'Etat azerbaïdjanais, en visite en France du 29 au 31 mai 2006. L'organisation rappelle que l'Azerbaïdjan a été le pays le plus violent de l'ex-URSS à l'encontre des journalistes en 2005, avec 50 cas d'agression. Plus d'une vingtaine de journalistes avaient, par exemple, été passés à tabac par les forces de l'ordre lors d'une manifestation organisée par l'opposition, le 9 octobre 2005, à quelques semaines des élections législatives. La police avait utilisé des battes de base-ball et deux journalistes avaient été transportés à l'hôpital pour être réanimés. Par ailleurs, deux journalistes azerbaïdjanais ont été tués en 2005. Elmar Husseynov, rédacteur en chef de la revue d'opposition Monitor, a été assassiné de plusieurs coups de feu, le 2 mars. Il faisait l'objet, avec d'autres journalistes de sa rédaction, d'un harcèlement constant des autorités depuis plusieurs années. La piste professionnelle a bien été retenue par les enquêteurs mais ils n'ont toujours pas retrouvé les auteurs de ce crime, plus d'un an après les faits. Les médias indépendants attribuent la responsabilité de l'assassinat d'Elmar Husseynov aux autorités. Le père de la victime a eu la même réaction après le décès de son fils. Alim Kazimli, photo-reporter du quotidien d'opposition Yeni Musavat, est décédé, le 19 juin 2005, d'une hémorragie cérébrale, après avoir été battu dans un commissariat, en décembre 2004. Il avait averti des policiers qui refusaient de lui délivrer des papiers qu'il allait dénoncer leurs actes de corruption et leurs pratiques illégales dans ses articles. Son quotidien a été fermé par les autorités au début de l'année 2005. Depuis le début de l'année 2006, deux journalistes d'opposition, Bahaddin Khaziev du quotidien Bizim Yol, et Fikret Huseynli du quotidien Azadlig, ont échappé de peu à un assassinat, sans qu'aucune enquête ait été ouverte par la suite. Frappés, kidnappés et laissés pour morts par leurs ravisseurs, ces deux journalistes ont été victimes de méthodes d'une rare brutalité. La répétition de ce type d'événement laisse supposer l'existence de groupes criminels organisés, dont on ne sait pas pour le compte de qui ils agissent.
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Updated on 20.01.2016