Violence ordinaire : déjà un quatrième journaliste assassiné au Mexique en 2016
Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de la flambée des crimes contre les journalistes mexicains, à nouveau illustrée par l'assassinat de Moisés Dagdug Lutzow, quatrième reporter tué en moins de deux mois.
Après l’état de Oaxaca en janvier et celui de Veracruz début février, c’est au tour du district de Tabasco de témoigner de la violence contre les journalistes mexicains. Ce samedi 20 février 2016, le reporter et entrepreneur Moisés Dagdug Lutzow a été retrouvé mort à son domicile, dans la ville de Villahermosa, capitale de l’état.
La victime, ancien député fédéral du parti PRD entre 2006 et 2009, avait reçu de nombreuses menaces. Propriétaire de la station de radio XEVX-AM La Grande de Tabasco et animateur du programme “De Frente a Tabasco” diffusé sur la radio 89.7 FM et sur le site www.canalTVX.com, Dagdug Lutzow abordait régulièrement les thèmes de l’insécurité et critiquait ouvertement les problèmes liés à la corruption dans son état.
“Combien faudra-t-il d’assassinats pour que les autorités mexicaines se saisissent enfin du problème ? s’interroge Emmanuel Colombié, chef du bureau Amérique latine pour Reporters sans frontières. Les meurtres de journalistes deviennent presque banals au Mexique, c’est dramatique. Le pouvoir central doit montrer sa volonté d’enrayer cette spirale morbide, d’assurer la protection des journalistes et de mettre fin à l’impunité qui règne dans la quasi-totalité du pays."
Selon les premiers témoignages, Moisés Dagdug Lutzow venait de rentrer chez lui lorsque plusieurs individus, qui s’étaient introduit dans son domicile, l’ont pris à partie. L’intéressé aurait résisté avant d’être tué à l’arme blanche.
Reporters sans frontières a pu contacter plusieurs journalistes de Villahermosa, particulièrement choqués par ce nouveau drame, et s’associe à leur requête: exiger une enquête "sérieuse et responsable" de la part des autorités judiciaires de Tabasco, qui favorisent pour l’heure la piste du cambriolage dans leurs recherches pour identifier les responsables. Une hypothèse fantaisiste quand on sait que, dans la camionnette de Moisés Dagdug Lutzow abandonnée quelques kilomètres plus loin, la police n'a retrouvé que de l'eau de vie et l’arme du crime.
C’est déjà le quatrième assassinat de journaliste au Mexique depuis le début de l’année, après Anabel Flores Salazar, le 9 février au Veracruz, Reinel Martínez Cerqueda, le 22 janvier et Marcos Hernández Bautista le 21 janvier, tous deux dans l’état de Oaxaca.
Le Mexique est 148ème sur 180 pays au Classement sur la liberté de la presse établi par RSF en 2015.