Vers une censure d'Internet ?

Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude face au récent projet de loi du ministère de la Culture irakien visant à censurer certains sites Internet, qui doit être étudié par la Chambre des représentants. Le champ d’action de ce contrôle est en effet trop vague et doit être clairement défini. "Nous sommes très préoccupés par les dérives que ce projet de loi rend possibles, du fait de sa formulation vague et imprécise. S’il est légitime de vouloir réglementer le secteur de l’Internet, il serait en revanche inacceptable que la future loi entrave la liberté d’information", a déclaré l’organisation. Le gouvernement irakien cherche à renforcer son contrôle sur les contenus et l’utilisation d’Internet dans les cybercafés. Selon le porte-parole du ministère des Communications, Sameer Al-Hasoon, les sites susceptibles d’être censurés seront ceux "glorifiant le terrorisme", "incitant à la violence, au sectarisme", "allant à l’encontre des normes sociales" ou encore, ceux à "caractère pornographique". Selon l’Observatoire irakien pour la liberté de la presse, ce projet ouvrirait la voie à un contrôle des débats politiques, et de tous les sujets considérés comme sensibles par le gouvernement. Ce projet fait l’objet de vives critiques, notamment par les organisations de défense de la liberté d’expression, qui dénoncent un premier pas vers une censure politique menaçant le processus de construction démocratique en Irak. Le Premier ministre, Nouri Al Maliki, a exprimé des réserves concernant ce projet, qui est, selon lui, contraire à la Consitution de 2005 (articles 38 et 40). Selon des propriétaires de cybercafés, le texte pourrait aboutir à un ralentissement du débit d’Internet et mettre en danger tant l’existence d’espaces de discussions que la recherche d’informations. Depuis quelques mois, on assiste à une multiplication des attaques contre les cybercafés. Le 16 juillet 2009, un attentat revendiqué par une association d’extrémistes religieux visant un de ces établissements a fait une dizaine de blessés dans le district de Saha, au sud-ouest de Bagdad. Depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, l’Irak jouit de lois favorables à la liberté d’expression sur Internet. Plusieurs douzaines de fournisseurs d’accès à Internet ont pu s’implanter et se développer en Irak. Des centaines de cybercafés ont ouvert dans tout le pays. Ce projet gouvernemental présenterait un risque de retour en arrière important.
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Updated on 20.01.2016