Vers le dénouement de l'affaire Gongadze?

Reporters sans frontières est soulagée de constater que neuf ans après les faits, l’enquête sur l’assassinat du journaliste Géorgiy Gongadze progresse encore. L’organisation attend fermement la dénonciation et la condamnation des coupables. "Les autorités ont franchi des étapes décisives dans la résolution d’une affaire emblématique de l’impunité en Ukraine. Les aveux du suspect Olexi Poukatch vont être décisifs. Nous attendons que les autorités rendent publiques les identités des personnes révélées par Olexi Poukatch, afin de les arrêter et de les juger. L’enquête ne doit pas s’arrêter là", a déclaré Reporters sans frontières. Contactée par l’organisation, Valentina Telichenko, l’avocate de la veuve de G. Gongadze, a exprimé des doutes quant à la résolution de l’affaire : "Malheureusement, l’arrestation d’Olexi Poukatch n’offre pas suffisamment de garanties. Nous craignons qu’au cours de l’enquête le procureur subisse de très fortes pressions politiques. Ces pressions pourraient l’emporter sur la justice". L’un des commanditaires présumés de l’assassinat de Géorgiy Gongadze, le général Olexi Poukatch, ancien responsable du renseignement extérieur du ministère de l’Intérieur, a été arrêté le 21 juillet 2009, dans un village de la région de Jitomir (nord de l’Ukraine). L’affaire Gongadze a connu ces derniers temps de nombreux développements. Le 12 juin, la Cour suprême de Kiev a décidé de prendre en compte les enregistrements de Mykola Melnichenko, garde du corps de l’ancien président. Jusque là laissés de côté faute d’expertise, ces enregistrements devaient permettre de révéler l’identité des commanditaires de l’assassinat du journaliste. Au lendemain de cette arrestation, lors d’une conférence de presse, Vassyl Grytsak, chef adjoint du Service de la sécurité ukrainienne (SBU), a partiellement rendu publics les aveux d’Olexi Poukatch. Le général reconnaît avoir personnellement étranglé le journaliste sur ordre de hauts fonctionnaires dont il a révélé les noms. Vassyl Grytsak a déclaré que c’était au procureur général de décider de rendre publique l’identité des hauts fonctionnaires en question. Le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, a salué l’arrestation d’Olexi Poukatch en déclarant qu’ "aujourd’hui, le pays voit avec soulagement cette célèbre affaire criminelle se dénouer. Cela signifie que non seulement la loi va être restaurée en Ukraine, mais aussi que les plus hauts responsables vont devoir endosser les responsabilités de leurs crimes ". Le Président a ajouté que la protection autour d’Olexi Poukatch avait été renforcée au niveau maximum. Les chefs du SBU en sont personnellement responsables. L’affaire Gongadze avait ébranlé le pays en révélant la brutalité du régime de l’ancien président Leonid Koutchma. Le président Viktor Iouchtchenko s’était engagé personnellement à ce que l’affaire soit résolue. Olexi Poukatch a aussi promis de montrer aux enquêteurs l’endroit où la tête du journaliste a été enterrée. Le corps décapité de Géorgiy Gongadze, rédacteur en chef du journal en ligne Ukrainskaïa Pravda, enlevé le 16 septembre 2000, avait été retrouvé dans une forêt des environs de Kiev. Le journaliste, qui était âgé de 31 ans, avait dénoncé de nombreuses affaires de corruption impliquant des membres du gouvernement de Leonid Koutchma. Le 15 mars 2008, la Cour suprême de Kiev avait condamné trois anciens policiers, Valeriy Kostenko, Mykola Protasov et Oleksander Popovych à des peines de prisons supérieures à dix ans. Lire le communiqué en russe/Читать на русском
Publié le
Updated on 20.01.2016