Vers la création d’une super-police des chaînes satellitaires arabes ?

Le Conseil des ministres arabes de l’Information débattra, le 24 janvier prochain, du projet proposé par Le Caire et Riyad de mettre en place un “Office des chaînes satellitaires arabes“. Ce projet fait suite au projet de loi du Congrès américain qui envisage de qualifier de “dirigeants d’organisations terroristes“ les propriétaires des satellites qui ont conclu des contrats de diffusion avec des chaînes classées par le Congrès de “terroristes“. Il s’inscrit également dans la continuité des travaux amorcés par la Ligue des Etats arabes en 2008. « Ce projet est pour le moins préoccupant. Le risque est grand que la création de cette super-police serve à censurer toutes les chaînes qui ont une ligne éditoriale critique à l’égard de régimes en place. Cette instance pourrait, à terme, se transformer en une arme redoutable contre la liberté d’information », a déclaré Reporters sans frontières. Cet Office des chaînes satellitaires arabes serait en effet chargé d’imposer une ligne directrice aux chaînes satellitaires arabes, afin de garantir le respect des normes éthiques et des valeurs morales de la société arabe, et afin qu’elles ne servent plus de paravents et de relais aux “terroristes“. Ce projet avait été lancé en février 2008 par le Secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Il a été récemment relancé par deux capitales arabes, Riyad et Le Caire qui contrôlent ArabSat pour l’une et Nilesat pour l’autre. Il semblerait que l’Egypte et l’Arabie saoudite entendent ainsi surfer sur la vague d’un retour à l’ordre moral. Les principales chaînes visées sont Al-Jazeera, la chaîne du Hamas Al-Aqsa TV, et celle du Hezbollah Al-Manar. Les vingt-deux pays arabes sont pourtant loin d’être unanimes. La bataille est ouverte entre les “pro“ et les “anti“. Si l’axe des ardents défenseurs du projet tourne autour de Riyad et du Caire, sur le banc des “contre“, on trouve d’ores et déjà le Liban et le Qatar. Les points d’achoppement sont multiples. Nombreux sont ceux qui redoutent également qu’à terme cet office n’en vienne à contrôler le contenu même des médias privés. La question de la perte de souveraineté est soulevée. D’autres questions plus techniques sont également posées : Qui seront les membres de cet Office ? Comment seront-ils désignés ? Quelles en seront les attributions exactes ? Quel sera le pouvoir de sanction de cette super-police ? La question du financement est également posée, ainsi que plus symboliquement celle du siège de cette instance. Sera-t-il rattaché au Secrétariat général de la Ligue des Etats arabes ou au Comité permanent des médias arabes ?
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Updated on 25.01.2016