« Vérité pour Guy-André Kieffer ! » : opération cacao liquide et faux dollars devant l'ambassade de Côte d'Ivoire

Le 15 avril 2005, à la veille de la commémoration de l'anniversaire de l'enlèvement à Abidjan du journaliste Guy-André Kieffer, des militants de Reporters sans frontières ont jeté des seaux de cacao liquide et des faux dollars contre le portail de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris.

Le 15 avril 2005, à la veille de la commémoration de l'anniversaire de l'enlèvement à Abidjan du journaliste Guy-André Kieffer, des militants de Reporters sans frontières ont jeté des seaux de cacao liquide et des faux dollars contre le portail de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris. Vêtus de combinaisons blanches, les militants, auxquels s'étaient joints les membres du comité de soutien « Vérité pour Guy-André Kieffer » et l'épouse du journaliste, Osange Silou-Kieffer, ont manifesté pacifiquement pour exiger la « vérité pour Guy-André ». L'opération, qui a duré environ une demi-heure, s'est déroulée sans incidents. « Nous jetons du cacao car c'est la 'caisse noire' du pouvoir à Abidjan et que Guy-André Kieffer enquêtait précisément sur des malversations au sein de la filière, a déclaré Reporters sans frontières. Nous avons manifesté devant l'ambassade ivoirienne, parce que, aujourd'hui, la balle est dans le camp du gouvernement ivoirien. Pour prouver sa bonne volonté, il doit accepter au plus vite la demande de remise temporaire du juge Patrick Ramaël et, ainsi, permettre à l'enquête d'avancer. » Le même jour, une conférence de presse a été organisée au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE), à la Maison de la Radio, à Paris, pour faire le point sur l'enquête, et notamment sur les blocages politiques qui, à Paris et à Abidjan, empêchent l'enquête du juge français Patrick Ramaël d'avancer. Michel Legré, beau-frère de Mme Simone Gbagbo, épouse du président ivoirien Laurent Gbagbo, et dernière personne à avoir vu Guy-André Kieffer avant sa disparition, a été mis en examen le 21 octobre 2004 par le juge d'instruction Patrick Ramaël pour « enlèvement et séquestration ». Le 13 décembre, le juge a demandé sa remise temporaire pour deux mois. Cette mesure a pour objectif de permettre à la justice d'interroger en France le ressortissant ivoirien, aujourd'hui détenu à la MACA et soumis à des pressions de toutes sortes qui l'empêchent de livrer toutes les informations dont il dispose. Au moment du dernier séjour du juge en Côte d'Ivoire, du 12 au 26 février 2005, sa demande n'était toujours pas parvenue aux autorités ivoiriennes. Le 14 avril, Osange Silou-Kieffer a été informée que la demande de remise temporaire du juge Ramaël était enfin parvenue au ministère ivoirien de la justice. Guy-André Kieffer, journaliste indépendant franco-canadien basé à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, a disparu depuis le vendredi 16 avril 2004. Il a été vu pour la dernière fois vers 13 heures dans un centre commercial de la capitale. Agé de 54 ans, marié et père de deux enfants, le journaliste s'est spécialisé dans les matières premières ainsi que les affaires économiques et financières. Il a travaillé pour le quotidien économique français La Tribune, de 1984 au début de l'année 2002. Installé à Abidjan depuis cette date, Guy-André Kieffer travaillait comme journaliste indépendant, et collaborait à La Lettre du Continent et plusieurs journaux ivoiriens.
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Updated on 20.01.2016