Uri Blau, journaliste à Haaretz, risque jusqu'à sept ans de prison
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Le 3 novembre 2011, quelques jours après la condamnation d'Anat Kam à une lourde peine de prison, Reporters sans frontières a adressé un courrier au Procureur général de l'Etat d'Israël, Monsieur Yehuda Weinstein, pour attirer son attention sur le cas d’Uri Blau, journaliste à Haaretz, dont le dossier est encore ouvert.
Poursuivi pour avoir été en « possession d’informations confidentielles, sans autorisation et sans intention de nuire à la sécurité de l’Etat », le journaliste risque jusqu’à sept ans de prison, en vertu de l’article 113-c du code pénal.
Son audience s’est tenue le 26 mai dernier devant le Procureur. Le verdict devrait tomber sous peu.
Rappel des faits
Entre 2005 et 2007, alors qu’elle effectuait son service militaire, la journaliste Anat Kam a photocopié des documents militaires classés secret défense relatifs aux exactions de l’armée israélienne dans les Territoires occupés pour les transmettre à Uri Blau. Sur la base de ces documents, ce dernier a par la suite écrit plusieurs articles publiés dans le quotidien Haaretz à partir de la fin de l'année 2008, tous approuvés par la censure militaire, conformément à la loi israélienne. L'un de ces articles, paru en novembre 2008, révélait les méthodes expéditives de l’armée israélienne, n'hésitant pas à recouvrir à des attentats ciblés contre les militants palestiniens, alors que leur arrestation était possible,violant ainsi une décision de la Cour suprême.La lettre de Reporters sans frontières
« La situation d’Uri Blau nous inquiète d’autant plus qu’Anat Kam, assignée à résidence depuis décembre 2009, a été condamnée le 30 octobre dernier à quatre ans et demi de prison ferme, dont dix-huit mois avec sursis. Cette peine extrêmement lourde constitue un avertissement clair à tous les journalistes utilisant des documents confidentiels comme base de leur travail. Il s'agit d'un signal inquiétant pour la liberté de la presse en Israël », a écrit Reporters sans frontières. Avant d'ajouter : « Tous les journalistes en effet viennent à détenir et à utiliser, un jour ou l'autre, des documents classés confidentiels. C’est la base même du travail des journalistes d’investigation. Combien de scandales ou d’affaires d’Etat ont été révélés grâce à des documents obtenus sans autorisation ? Dans cette affaire, une seule question importe : les informations obtenues de cette manière relèvent-elles de l’intérêt général ? Si c’est le cas, la liberté de la presse doit primer et la justice doit reconnaître la qualité du travail du journaliste et ne pas le poursuivre. « Les documents concernés apportent à l’évidence un éclairage essentiel sur le fonctionnement de l'armée israélienne. Israël est en guerre, certes, mais cela ne doit pas priver la population d’une information cruciale lui permettant de mieux comprendre les méthodes de son armée. « Il n’est pas question de mettre en danger la sécurité du pays mais simplement d’exercer son droit à l’information sur un corps constitué de l’Etat. Les journalistes ne sont pas au-dessus des lois. Les généraux de l’armée non plus. » « L’article 113-c du Code pénal, sur lequel repose l’accusation contre Uri Blau, n’a jamais été utilisé en Israël contre des journalistes au cours des cinquante dernières années. La condamnation d'Uri Blau aurait des conséquences très néfastes pour l'Etat d'Israël, plaçant le pays sur la liste de ceux qui emprisonnent les journalistes pour n'avoir rien fait d'autre que leur travail. « Aussi nous vous demandons de bien vouloir abandonner les charges qui pèsent contre le journaliste Uri Blau. Les journalistes d’investigation sont les garants de la transparence, principe essentiel au bon fonctionnement démocratique . Ils font œuvre utile. Sa condamnation constituerait une atteinte grave à la liberté de circulation de l’information », a conclu l'organisation.Publié le
Updated on
20.01.2016