Une vingtaine de journalistes arrêtés, autant de passés à tabac
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Les informations en provenance de Minsk font état d’une vingtaine d’arrestations parmi les professionnels des médias et d’autant de journalistes victimes de violences policières lors des manifestations qui ont suivi l’annonce de la réélection d’Alexandre Loukachenko à la tête du Bélarus, le 19 décembre 2010. Les procès des personnes interpellées - dont des journalistes - se déroulent à l’heure actuelle et les condamnations commencent à être prononcées. Ainsi, Ilia Kuzniatsou a été condamné à 15 jours de prison aujourd’hui pour « participation à un rassemblement illégal ».
Reporters sans frontières proteste contre ces pratiques et se joint à la déclaration publiée par la Belarusian Association of Journalists (BAJ, organisation partenaire), le 20 décembre, dénonçant les brutalités policières à l’égard des professionnels des médias. Les organisations condamnent les agissements des forces de l’ordre qui ont choisi de ne pas différencier journalistes et manifestants, entravant délibérément la mission d’information des premiers. Nous soulignons que nombre d’entre eux étaient dûment accrédités par les autorités locales elles-mêmes. Nous demandons à celles-ci de prendre position sur ces violences et nous exigeons que leurs auteurs soient recherchés et sanctionnés. Enfin, nous déplorons le traitement partial par les médias officiels de l’actualité des derniers jours qui ne permet pas aux citoyens de se faire une opinion éclairée, ce dans un moment clé de la vie politique.
Selon les informations de la BAJ, au moins vingt journalistes ont été interpellés, et autant victimes de violences policières. Parmi eux figurent des correspondants étrangers (ukrainien, russe, allemand) comme des journalistes locaux travaillant pour des médias étrangers (AFP, The New York Times, notamment) ou bélarusses.
Ainsi, le 19 décembre 2010, vers 19 heures, plusieurs journalistes couvrant les manifestations de protestation dans le centre de la capitale ont subi l’assaut des forces spéciales alors qu’ils se trouvaient à une cinquantaine de mètres des locaux de campagne du candidat Uladzimir Niakliaeu (opposition), et se dirigeaient vers la place Kastrychnitskaya. Après des jets de grenades assourdissantes et aveuglantes, ils ont été immobilisés par la police et allongés de force dans la neige. Un photographe du New York Times, James Hill, a été frappé alors qu’il tentait de présenter sa carte de presse. Des équipements ont été confisqués, des photos et des enregistrements effacés.
Dans la nuit, peu avant une heure, la journaliste Irina Khalip (Novaïa Gazeta), a été frappée par la police alors qu’elle s’exprimait en direct sur la radio indépendante russe Ekho Moskvy.
Plusieurs membres de la BAJ, ainsi que des militants du candidat Ulazdimir Niakliaeu, ont été interpellés, lors d’un raid sur le quartier général de campagne de l’homme politique, ou à leur domicile (Aliaksandr Fiaduta, Julia Rimasheuskaïa, Sergueï Vozniak). Certains ont été relâchés quelques heures plus tard, mais on ignorait toujours où se trouvaient plusieurs autres interpellés dont Sergueï Vozniak.
Les pressions se sont également accentuées sur Internet et les communications mobiles. Ces dernières ont été rendues extrêmement difficiles le 19 décembre vers 20 heures dans le pays. Quant aux sites d’opposition ou d’information indépendants, nombre d’entre eux ont été ou sont encore victimes d’attaques DDos, les rendant inaccessibles ou de l’apparition de pseudo-sites, « contrefaits », diffusant des informations erronées vers lesquels les visiteurs sont redirigés. Ainsi des sites portant des noms similaires mais enregistrés en « .in », sont apparus pour charter97.org, ainsi que pour Belaruspartisan et Gazetaby, ou encore le journal Nasha Niva.
Les plateformes de blogs comme Live Journal, très populaire, ont connu des difficultés de fonctionnement dès le 19 décembre. Le 20 décembre au petit matin, les forces spéciales ont pénétré dans les locaux du site charter97.org, dont plusieurs membres ont été arrêtés par le KGB. La rédactrice en chef, Natalia Radzina, a été blessée à la tête par des policiers, le 19 décembre. Elle serait aujourd’hui détenue. Le site était toujours inaccessible le 20 décembre à midi.
Publié le
Updated on
20.01.2016