Une modification législative qui constitue un danger pour la liberté sur Internet

La Cour de cassation a décidé, le 13 janvier 2010, de soumettre les publications en ligne et la presse électronique à l’application du code de la presse et des publications. Le ministre de l’Information a déclaré au Jordan Times que les autorités judiciaires avaient pris cette décision en toute indépendance, et que par conséquent elle devrait être appliquée. Cette décision constitue un réel danger pour la liberté d'expression sur Internet en Jordanie. Alors que les médias traditionnels suivent déjà souvent de manière tacite la ligne du régime, les autorités ont décidé de reprendre en main la circulation de l'information en ligne. Le risque est grand que les internautes ne prennent exemple sur les journalistes de la presse écrite et n'en viennent à s'autocensurer, par crainte des sanctions. Cette décision intervient quelques jours après que le ministre des Médias et de la Communication, Nabil Al-Sharif, a intenté une procédure à l’encontre d’Abdul Hadi Raji Al-Majali, directeur du site ejjbed.com et journaliste au quotidien Al-Raï, publication gouvernementale la plus importante du pays. Le ministre a porté plainte pour “diffamation“ et “calomnie“, suite à la publication d’une série d’articles sur le site ejjbed.com, dans lesquels Abdul Hadi Raji Al-Majali dénonçait l’enrichissement injustifié de membres de la famille du ministre ainsi que le manque de transparence dans le recrutement du personnel dans les entreprises du frère aîné du ministre. Il accusait également le ministre de ne pas posséder les diplômes mentionnés sur son curriculum vitae. Un des articles, publié le 8 mai 2008, intitulé “Qu’il règne ! A Dieu ne plaise“, était rédigé en dialecte égyptien, faisant référence à l’origine égyptienne du ministre. « Il est hallucinant que dans un pays qui se dit démocratique le ministre des Médias et de l’Information porte ainsi plainte contre un journaliste. Cette affaire est inquiétante : dans deux semaines, le Syndicat des journalistes va statuer sur mon exclusion, ou non, du syndicat des journalistes. Or tout un chacun sait que le Syndicat est à la solde des ordres du gouvernement », a déclaré le journaliste à Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016