Une maison d’édition empêche un journal d’accéder à ses locaux
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Reporters sans frontières dénonce l’initiative de la maison d’édition Azerbaïdjan d’empêcher la rédaction du journal Azadlig d’accéder à ses locaux. L’organisation pour la liberté de la presse analyse cette décision de la maison d’édition, qui appartient à l’Etat, comme un prétexte pour fermer le principal journal d’opposition du pays.
Le 2 août dernier, Agbey Askerov, le chef de la maison d’édition Azerbaïdjan qui publie habituellement le journal Azadlig, a demandé à la police d’interdire l’accès des membres de l’équipe éditoriale à leurs locaux, en représailles à une dette du journal de 15 000 manats (environ 15 000 euros). La maison d’édition a insisté sur le fait que cette dette datait de 2003 et qu’elle exigeait un remboursement immédiat.
L’attitude de Azerbaïdjan semble curieuse dans la mesure où un accord à l’amiable, prévoyant un étalement de la dette en plusieurs mensualités, avait été passé entre Ganimat Zahid, rédacteur en chef de Azadlig, et le directeur de la maison d’édition.
Au regard de cet accord, la décision du gouvernement de conditionner son aide de 20 000 manats au remboursement total de la dette est d’autant plus surprenante. À l’occasion du jour national de la presse, le 22 juillet dernier, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a alloué 20 000 manats à trente-deux journaux, dont Azadlig. Ces dons devaient démontrer le soutien et l’ouverture de l’Etat à tous les médias, qu’ils soient progouvernementaux ou d’opposition. En exigeant le remboursement immédiat de la dette, le gouvernement azerbaïdjanais empêche le journal d’opposition Azadlig de bénéficier de l’aide financière. Ganimat Zahid a alerté la direction du Conseil de la presse à ce sujet, un appel resté sans effet pour l’heure.
Reporters sans frontières rappelle que l’Azerbaïdjan se trouve à la 146e place du classement mondial de la liberté de la presse en 2009 et que ce pays est le théâtre de problèmes multiples en matière de liberté d’expression : arrestations arbitraires, emprisonnements, passages à tabac. Ainsi, Eynulla Fatullayev, fondateur de deux journaux aujourd’hui fermés, a été condamné à plus de 10 ans de prison en 2008. Adnan Hadjizade et Emin Milli, deux blogueurs, ont quant à eux été condamnés à deux ans et demi de prison ferme pour avoir « attaqué » des individus dans un restaurant alors qu’en réalité, ils ont été les victimes de cette agression.
Plus récemment, le mercredi 28 juillet dernier, Elmin Badalov, correspondant du journal Yeni Musavat et Anar Gerayly, rédacteur du journal Milli Yol, ont tous deux été agressés alors qu’ils prenaient en photo de luxueuses villas appartenant au ministre des transports Ziya Mammadov et à ses proches.
Plusieurs hommes ont surgi de leurs voitures pour les pousser brutalement contre le sol, leur arracher leur appareil photo et effacer les clichés des maisons. Ces inconnus les ont détenus pendant plus de trois heures. Les deux journalistes ont été interrogés, menacés d’être placés sous surveillance pour les six mois à venir et surtout vivement encouragés à ne pas porter plainte. L’administration de Yeni Musavat a porté plainte auprès du ministère de l’Intérieur.
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20.01.2016