Une journaliste violemment matraquée par des policiers

Reporters sans frontières est révoltée par le comportement brutal de certains policiers gabonais envers les journalistes, après que Ginette Moussadji, journaliste de la chaîne privée Télé Africa, a été violemment battue à coups de matraque en bois par quatre agents des forces de l'ordre, le 21 décembre 2005, à Libreville. « En un an, au moins cinq journalistes ont été maltraités par des agents de la force publique, a déclaré Reporters sans frontières. Les policiers gabonais n'ont que mépris, non seulement pour la carte de presse, mais surtout pour les règles de la démocratie. Cette situation est intolérable. Le président Omar Bongo Odimba ne peut pas proclamer son attachement à la liberté de la presse et tolérer que, pour les journalistes de son pays, l'un des dangers principaux vienne de la police. » Le 21 décembre en milieu de matinée, les journalistes Joëlle Ibinga et Ginette Moussadji se sont rendues sur le boulevard du bord de mer de Libreville, pour couvrir un regroupement pacifique organisé à proximité du palais présidentiel. Des manifestants réclamaient le paiement intégral des droits d'expropriation de terrains sur lesquels a été érigé le nouveau Sénat. Au moment où Joëlle Ibinga s'est approchée des manifestants pour solliciter une interview, les policiers ont tiré des grenades de gaz lacrymogène. Ginette Moussadji, qui filmait la scène, a été immédiatement prise à partie par un groupe de quatre agents, qui l'ont poursuivie en criant : « La caméra ! ». Une fois à terre, la journaliste a été rouée de coups de matraque sur le dos, l'aine et le bras, pour la forcer à lâcher sa caméra. Les policiers ont fini par s'emparer de son appareil avant de quitter les lieux. Le 1er décembre, Yves-Laurent Goma, journaliste de l'agence de presse privée Gabonews, et Aymeric Vincenot, journaliste de l'Agence France-Presse (AFP), avaient été interpellés pour avoir pris des photos d'une unité de la police anti-émeutes déployée pour encadrer une manifestation de l'opposition. Dans l'enceinte de la préfecture, Yves-Laurent Goma avait été giflé. Détenus plus d'une heure, les deux journalistes avaient fini par être libérés sur intervention personnelle du préfet. Le 24 novembre, Achille Ngoma, journaliste de Gabonews, avait été passé à tabac par des policiers qu'il souhaitait interroger, au carrefour Awendjé, dans le 4e arrondissement de Libreville. En avril, un cameraman de la chaîne privée Radiotélévision Nazareth (RTN) avait été violemment frappé par plusieurs gendarmes à la gare routière, tandis qu'en 2004, Timothée Memey, journaliste de la radio privée Africa N°1, avait été gardé à vue pendant 48 heures et maltraité en détention, sous le prétexte qu'il avait « manqué de respect à des agents ».
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Updated on 20.01.2016